Mission automne hiver 2019-2020
RAMESSEUM - XXXIE CAMPAGNE FOUILLES ET TRAVAUX DE RESTAURATION
La Mission a commencé ses travaux de fouille et de restauration dans le temple de Ramsès II le 1er décembre 2019 et les chantiers ont maintenu leur activité jusqu'au jeudi 30 janvier 2020. Pour leur soutien indéfectible et leur amicale collaboration, nous remercions tout particulierement Dr. Mohamed Yahyah (directeur général des Antiquités de la Haute Egypte), M. El-Kezafi Abdelrahim (Directeur général des Antiquités de Louqsor), Dr. Hisham Elleithy (Directeur général du CEDAE), M. Fathy Yassin (directeur de l'Inspectorat des Antiquités de Gournah), M. Ramadan Ahmed Ali (directeur du Bureau des Missions à l'Inspectorat de Gournah), M. Ezz el-Noby Kamal (responsable de la zone centrale de la nécropole thébaine) et M. Ali Reda Mohamed, (responsable de la Vallée des Rois).
Inspecteurs et inspectrices mis à la disposition de la Mission :
- M. Khaled El-Tayeb Mohamed (Ramesseum, magasin des antiquités)
- M. Ossama Bassiouni El-Damanhouri (Ramesseum, fouilles, CEDAE)
- Melle Shaïma Abdel Kerim Gaderob (Ramesseum, fouilles, Ministère des Antiquités)
- M. Alaa Sabet Mohamed (Ramesseum, restauration, Ministère des Antiquités)
- Melle Rehab Sabry Chazli (Ramesseum, fouilles, Ministère des Antiquités)
- M. Mohamed Nabil Hussein (Ramesseum, fouilles, CEDAE)
- Mme Iman Ibrahim Zaghloul (Ramesseum, restauration, Ministère des Antiquités).
Membres égyptiens du CEDAE et de l'Inspectorat des antiquités de Gournah :
- M. Sameh Mohamed Zaki (CEDAE).
- Melle Shaimaa Magdi Eid Youssef (CEDAE).
- Melle Fadia Mansour Zaki Sourial (CEDAE).
- M. Abou Ellayoun Gamaleddin (CEDAE).
- Melle Ouissam Saad Morsi (CEDAE).
- Melle Samah Nabil Mahmoud (CEDAE).
- Melle Amany Abdel Moneim Tantawy (CEDAE).
- Melle Nahla Mohamed Saleh (Inspectorat des antiquités de Gournah/ASR).
- Melle Moshira Abd Elalem Ahmed (Université de Qena, Faculté d'archéologie).
SECTEUR PCR
Équipe : Laurent Chazalviel (ASR), Eric Desèvre (ASR).
Le travail de réfection de huit bases de colonnes disparues du portique sud de la première cour (PCR.PQ02.cl05, PQ.02.cl04, PQ.03.cl03, PQ.02.cl03, PQ.03.cl02, PQ.02.cl02, PQ.03.cl01 et PQ.02.cl01) avait été entrepris lors de la mission de 2018, et a pu reprendre cette année avec les jeunes tailleurs de pierre formés dans l'atelier de Gournah. Il a été possible, durant cette XXXIe campagne, d'achever le programme et de pouvoir, dans le même temps, égaliser le niveau du sol de la première cour du temple.
SECTEUR BCS
Équipe : Laurent Chazalviel (ASR), Eric Desèvre (ASR), Jean-François Carlotti (CNRS/ASR), Christian Leblanc (CNRS/ASR).
Depuis la salle des litanies (SDL) jusqu'à la seconde cour (SCR), toutes les structures architecturales qui existaient sur le bas-côté sud du temple (BCS) mais qui avaient, pour nombre d'entre elles, disparues en élévation, ont pu être restituées et matérialisées. Tout ce travail a été guidé par le relevé archéologique réalisé lors de la fouille de ces secteurs du temple.
Structures matérialisées en SCR et SHP :
Sous le portique sud-ouest de la seconde cour, à proximité du mur sud du temple, une porte donne accès à deux petites chambres mitoyennes qui communiquent entre elles (SCR.SA01 et SCR.SA02). Dans la grande salle hypostyle (SHP), une porte, percée dans le mur sud, entre les colonnes cl21.s et cl22.s, communique par une rampe avec une salle centrale SHP.SA11 qui dessert deux chambres à l'est (SHP.SA13 et SHP.SA15) et deux autres à l'ouest (SHP.SA12 et SHP.SA14). Dans l'une de ces chambres (SHP.SA15), un puits funéraire a été creusé à la Troisième Période Intermédiaire (To01). Ces quatre chambres comme d'ailleurs les deux par lesquelles on accède depuis le portique sud-ouest de la seconde cour, avaient dû avoir fonction de chapelles, sans doute destinées au culte de divinités résidentes dans le temple de Ramsès II. Il devait dès lors s'agir, du moins pour certaines d'entre elles, de reposoirs de barques.
Structures matérialisées en BCS :
Entre la colonne cl24s et le mur sud-ouest de la salle hypostyle (SHP), une autre porte a été ménagée dans le mur de cette salle, côté sud. Par cette ouverture, on pénètre par une rampe dans un vestibule (BCS.VT01) qui donne accès à deux longues cours (BCS.CR01 et BCS.CR.02), la deuxième communiquant au fond (à l'ouest) avec deux chambres mitoyennes (BCS.SA01 et BCS.SA02). Dans la matérialisation mise au programme jusqu'à présent pour cet ensemble de structures qui semblent correspondre au complexe osirien du temple, seuls le vestibule BCS.VT01 et la cour BCS.CR01 ont été pris en compte.
Structures matérialisées en ZHS :
Tout un espace (ZHS) compris entre le secteur BCS et les secteurs SDB et SDL a pu également nous faire connaître, grâce à une fouille méthodique, son ordonnance architecturale dont il reste au sol quelques vestiges. On accède à ce complexe par une porte percée dans le mur ouest de la salle hypostyle SHP qui donne d'abord accès à une petite salle à deux colonnes (ZHS.SH01), puis à une autre pièce pourvue de quatre piliers (ZHS.SH02) qui communique elle-même avec trois chapelles mitoyennes (ZHS.SA01, ZHS.SA02 et ZHS.SA03). Plusieurs sépultures de Troisième Période Intermédiaire ont été identifiées dans ce quartier du temple : une (To01) en ZHS.SH01, puis une dans chacune des chapelles du fond, en ZHS.SA01, ZHS.SA02 et ZHS.SA03.
Si les murs de ces structures architecturales qui avaient disparu en surface mais qui ont pu être identifiées lors de la fouille, ont pu être matérialisées sur une assise afin d'assurer une meilleure lecture de cette importante partie du temple, il restera à mettre en place le dallage de plusieurs salles, ce qui pourra être entrepris lors de la prochaine campagne.
SECTEUR SHP
Équipe : Reïs Azab Hassan Mohamed Moussa (CSA), Hassan Ahmed Ibrahim (CSA), Sayed Aboulmagd Ahmed (CSA), Moshira Abd Elalem Ahmed (CSA).
On sait que l'une des conséquences de la destruction des villages de Gournah dans la montagne thébaine, a été l'afflux de pigeons sauvages sur les temples qui se trouvaient à proximité de la zone agricole. Alors que jusque-là ces volatiles se nourrissaient dans les maisons et les étables qui occupaient les flancs de la montagne avant de regagner leurs nids, la disparition de ces îlots d'habitations fait que depuis 2006, les pigeons vont se nourrir dans les champs avant de se poser dans les temples jusqu'au coucher du soleil. Cette présence intempestive sur les éléments de l'architecture (chapiteaux de colonnes, piliers, corniches) a nécessité cette année notre intervention dans la grande salle hypostyle du Ramesseum, pour procéder à un nettoyage systématique des fientes laissées par ce volatiles. Tout un réseau d'échafaudages a dû être mis en place pour assurer ce travail qui a été réalisé par les restaurateurs de la Mission
Signalons que plusieurs procédés ont été tentés auparavant pour éviter cette présence des pigeons dans la salle hypostyle, mais tous ont malheureusement échoué. Il serait souhaitable que le Ministère de l'Agriculture procède à une stérilisation qui éviterait ainsi leur reproduction.
Afin d'assurer également une protection du dallage en pierre de la salle, on a recouvert le sol d'une nappe de sable.
SECTEUR STF
Équipe : Guy Lecuyot (CNRS/ASR), Eric Desèvre (ASR), Julian Sanchez (ASR), Amany Abdel Moneim Tantawy (CEDAE).
Dans le quartier des ateliers du temple, dont la fouille des salles et de la grande cour a été achevée en 2018, il convenait de poursuivre dans ces espaces le travail de restauration et de restructuration des murs en brique crue afin de les protéger de toute nouvelle dégradation. Cette opération a donc pu reprendre durant cette saison et a été complétée par un nettoyage des abords du vestibule. Une fouille, menée dans le périmètre nord, a permis de déterminer l'emplacement de la porte qui donnait accès, à l'époque ramesside, à ce quartier. Les restaurateurs et tailleurs de pierre ont pu, après la fouille, compléter la partie manquante du dallage du vestibule. Fermé par un mur en brique crue au cours de la Troisième Période Intermédiaire, l'accès aux ateliers a pu être de nouveau ouvert. Une porte a été percée dans ce mur adventice afin de permettre aux futurs visiteurs du Ramesseum, de se rendre dans ce quartier désormais réhabilité. Un panneau de signalétique en trois langues (français, anglais et arabe) et sur le modèle de tous ceux déjà posés dans le temple, a pu être fixé contre la partie subsistante du mur en terre crue de la Troisième Période Intermédiaire.
L'aménagement de l'accès ramesside au quartier des ateliers reste à achever. Cette opération sera mise au programme de la prochaine campagne.
SECTEUR APS
Équipe : Gwenaelle Le Borgne (Université de Montpellier/ASR), Jocelyne Hottier (ASR), Kevin Birin (Université de Montpellier/ASR), Abou Ellayoun Gamaleddin (CEDAE), Shaimaa Magdi Eid Youssef (CEDAE), Mohamed Nabil Hussein (CEDAE), Ouissam Saad Morsi (CEDAE), Samah Nabi Mahmoud (CEDAE), Fadia Mansour Zaki Sourial (CEDAE).
Entrepris depuis maintenant plusieurs années, l'enlèvement du cavalier de déblais sud se poursuit. Cette année, l'équipe a surtout concentré ses efforts sur la partie sud-ouest, dont le dégagement avait déjà bien avancé en 2018. Durant ces deux mois, il a été possible de progresser sensiblement vers l'est, puisque le travail effectué a permis d'avancer sur une longueur de 15 m et sur une largeur de 13 m. Le volume de déblais qui a pu être retiré et évacué a été de 350 m3. Si le rythme est maintenu lors de la prochaine campagne, on devrait pouvoir atteindre, pour cet espace, le sol de l'époque ramesside et sans doute retrouver de nouvelles fondations ayant appartenu aux statues animalières qui prenaient place sur l'allé processionnelle sud.
Le matériel archéologique extrait des déblais de ce secteur (APS) provient pour la majorité des ateliers (percuteurs en diorite, résidus de forage de vases, croissants-foreurs, accessoires de métiers à tisser, éclats de calcite). D'autres vestiges de l'époque ramesside ont également été trouvés (notamment ostraca hiératiques et figurés, sceaux, bouchons de jarres). Enfin, quelques objets se rattachent à la nécropole de la Troisième Période Intermédiaire installée sur le site au cours de la XXIe-XXIIe dynastie (fragments de cartonnages, de momies, de résilles funéraires et oushebtis).
SECTEUR ZST
Équipe : Eric Desèvre (ASR), Guy Lecuyot (CNRS/ASR).
Le projet d'une matérialisation du sanctuaire est envisagée. Dans un premier temps, il était indispensable de restituer le mur ouest du temple afin de mieux visualiser les limites du périmètre de l'édifice de pierre. Cette opération a pu être mise en chantier durant cette mission sur une longueur de 55 m. Quarante blocs de grès ont été utilisés, taillés, alignés et scellés à l'emplacement des fondations du mur occidental. Bien engagé, le travail devra reprendre dans ce secteur en novembre 2020.
SECTEUR STG
Équipe : Tommaso Quirino (CEFB), Anna Consonni CEFB), Fiorenza Gulino CEFB), Flavio Redolfi Riva CEFB), Paolo Marini (Musée de Turin), Ossama Bassiouni El-Damanhouri (CEDAE), Amany Abdel Moneim Tantawy (CEDAE).
La saison a été consacrée à la fouille d'une partie du secteur STG et notamment des tombes identifiées l'an dernier dans la zone sud de ce quartier constitué de bâtiments en brique crue. D'est en ouest, ces tombes se trouvaient dans les salles STG.SA10, STG.SA11, STG.SA12 et STG.SA13. Les niveaux de remplissage ont pu être détectés et analysés. Il a été clairement établi que ces sépultures avaient été auparavant profanées et sans doute encore visitées après le passage des voleurs. Les tombes qui ont pu être entièrement dégagées sont les suivantes : STG.SA10.To1, STG.SA11.To3, STG.SA11.To4, STG.SA12.To1, STG.SA12.To2, STG.SA13.To1. La fouille de la tombe STG.SA14.To1, entreprise en fin de chantier n'a pu être complètement achevée : certains vestiges appartenant au mobilier funéraire ont été cependant mis au jour et ont été rassemblés dans le magasin du site. Le dégagement complet de la chambre funéraire est reporté lors de la prochaine campagne.
STG.SA10.To1. Puits funéraire de forme carrée, avec une margelle d'environ 1,40 m x 1,20 m et une profondeur d'environ 4,50 m. Caveau de dimensions assez réduites (3,30 m x 1,70 m et une hauteur de 2,20 m). Il abritait trois cercueils, dont le premier n'a été conservé que pour la partie inférieure. Le troisième avait été placé dans une niche aménagée dans mur, côté sud. Il renfermait un squelette avec des traces de cartonnage décoré, mais les couleurs ont presque complètement disparu. Sur la poitrine du défunt a été retrouvée une amulette probablement en os, très détériorée, de couleur brune, représentant un nœud tjt fortement stylisé. La typologie des oushebtis découverts nous permet de dater cette tombe probablement à la XXIIe dynastie.
STG.SA11.To3. Cette sépulture est un puits funéraire dont la margelle est de forme ronde. Le caveau présente une connection avec le puits STG.SA11.To2.
Aucun vestige funéraire ne fut retrouvé dans le puits STG.SA11.To4.
STG.SA12.To1. Dimensions : margelle 1,90 m x 1,50 m et profondeur de près de 6 m. Caveau unique orienté vers le nord, de forme irrégulièrement rectangulaire. Trois oushebtis en faïence vert pâle et de type momiforme, ont été mis au jour ainsi que les fragments d'une autre série, ceux-là portant le nom Mout-nebet-netjeru justifiée. Au fond de la salle, ont été dégagés les restes en mauvais état de conservation de trois portions de cercueils avec des traces de cartonnages, décorés de fines feuilles d'or. Il est fort probable que la tombe avait été déjà identifiée et fouillée par les archéologues à la fin des années 1800-début 1900, comme le suggère la découverte d'un fragment d'une petite statue d'une divinité assise, de fabrication moderne.
STG.SA12.To2. Puits funéraire rectangulaire, avec une margelle d'environ 1,30 m x 1,00 m et une profondeur d'environ 4,50 m. Caveau unique de forme grosso modo rectagulaire (3,20 m x 2,43 m et une hauteur maximale d'environ 2,35 m). Quelques objets en proviennent : un fragment d'un lit rituel en terre cuite orné de la figure de Bès en relief sur la partie plate ; un autre fragment d'un lit rituel en terre cuite décoré en relief, avec Bès portant une couronne à plumes et accompagné d'une figure féminine nue tenant des papyrus sur un bateau dont la proue évoque une tête de canard ; un oushebti en terre cuite moulée (et quelques fragments incomplets), avec une perruque tripartite et des bras croisés sur la poitrine, les poings serrés tenant les deux houes.
La tombe remonte comme les précédentes à la Troisième Période Intermédiaire.
STG.SA13.To1. Margelle d'environ 1,30 m x 1,20 m et profondeur d'environ 4,80 m. Dimensions du caveau : 2,50 m x 1,60 m et hauteur d'environ 2,60 m. Dans le remplissage fut retrouvée une amulette en faïence bleue représentant probablement la déesse Taouret. La tombe a également livré des oushebtis fragmentaires en faïence bleue. Le texte qui semble lisible sur plusieurs de ces figurines nous livre le nom de "L'Osiris, maîtresse de maison, Djediset i(ou)esankh".
STG.SA14.To1. Dernier tombeau fouillé au cours de cette saison sur le terrain. Il s'agit d'un puits de forme carrée, d'environ 1,30 m x 1,15 m et de ± 5 m de profondeur, qui mène à caveau, d'environ 2,50 m x 2,00 m et d'une hauteur maximale de 2,35 m.
Seuls quelques tessons de poterie et un oushebti en terre cuite avec un badigeon bleu sur un lavis blanc ont été trouvés pendant le déblaiement du puits. Dans la chambre funéraire, le peu de mobilier suggère que cette sépulture avait été déjà fouillée ou visitée. Elle a cependant permis de mettre au jour les traces de deux cercueils, de deux vases complets et de deux boîtes d'oushebtis. La première boîte retrouvée à l'est de l'entrée, contenait environ 200 figurines en faïence vert-bleu avec une inscription évidée au dos, et de deux tailles différentes. La deuxième boîte, découverte à l'ouest de l'entrée, contenait 195 oushebtis momiformes en faïence bleu clair. La fouille n'a pu être achevée durant cette campagne, mais la typologie des vases et des oushebtis nous permet de dater cette sépulture de la fin du XXVe/début XXVIe dynastie.
SECTEUR STI - SA06/STI.TR
Équipe : Christian Leblanc (CNRS/ASR), Sameh Mohamed Zaki (CEDAE), avec la participation de Eric Desèvre (ASR), Nabil Amin Basili (CEDAE) et Sayed Ahmed Taya Mohamed (ASR) (pour l'extraction des dalles de plafond).
Dans les salles STI.SA06 et STI.TR des dépendances nord-ouest du temple, avait été retrouvé l'an dernier l'accès à la tombe de Sehetepibrê, un dignitaire du Moyen Empire (règne de Sesostris Ier). Cette tombe découverte pour la première fois en 1896 par l'équipe anglaise de J. E. Quibell, avait depuis complètement disparu. À l'époque, un relevé des parois de la descenderie avait été établi, nous faisant connaître le décor peint qui ornait les parois sud et nord.
Au cours de cette mission, le redégagement de cette sépulture avait été mis au programme et a pu être partiellement réalisé sur une longueur de près de 7,00 m. Il a été néanmoins contrarié par la présence de quatre énormes dalles en grès pesant chacune ± 3,5 tonnes, retrouvées sur la trajectoire de la tombe, entre la descenderie large de 1,50 m et le corridor souterrain qui s'enfonce vers l'ouest. Ces dalles (dimensions : [1] 2,40 m x 1,10 m x 0,50 m ; [2] 2,45 m x 1,23 m x 0,65 m; [3] 2,63 m x 0,93 m x 0,65 m ; [4] 2,97 m x 0,97 m x 0,32/0,55 m) qui pour au moins trois d'entre elles, semblent provenir de la toiture de la salle ramesside identifiée pour être le Trésor-annexe du Ramesseum, nécessitent une explication quant à leur présence à cet endroit et à cette profondeur. Si la première dégagée, la plus à l'est, a pu tomber accidentellement lors du démantèlement tardif de la salle, en écrasant la voûte en terre crue de la tombe du Moyen Empire, les trois autres qui bloquaient par leur disposition, l'entrée souterraine de cette tombe, semblent avoir été volontairement placées à cet endroit, peut-être par les archéologues anglais qui envisageaient d'y effectuer plus tard de nouvelles recherches. Quoi qu'il en soit, ces quatre dalles (dont l'une [3] pourrait provenir d'un pilastre de la salle STI.TR), ont été extraites à l'aide d'un pont et d'un palan, afin de pouvoir assurer la reprise de la fouille dès la prochaine campagne.
Entretemps, un confortement en briques cuites et crues des côtés sud et nord bordant l'axe de la tombe, a pu être mis en place pour stopper la poussée des déblais et pour éviter, en raison de leurs fondations très précaires, un effondrement des bases de colonnes de la salle ramesside, situées à proximité.
Le relevé graphique du décor effectué à l'époque de J. E. Quibell a permis de retrouver une grande partie des scènes relatives aux funérailles de Sehetepibrê. En revanche, le début de ce décor, non vu en 1896, est encore aujourd'hui oblitéré par la présence de deux montants d'un puits creusé à la Troisième Période Intermédiaire sur la trajectoire de la descenderie. Sur enduit de limon fortement imprégné de paille, ce décor a beaucoup souffert des termites depuis le passage des archéologues anglais. Certaines parties se sont même détachées des parois. Un important travail de restauration sera à prévoir après l'achèvement de la fouille de cette sépulture.
On a pu observer que sur la quatrième des énormes dalles extraites pendant la mission, l'une des faces portait un décor peint. Sur un fond gris-bleu évoquant le ciel, sont reproduites des étoiles à cinq branches de couleur jaune-or. Ce décor qui était visible lors de l'extraction du bloc, suggère que celui-ci n'est pas tombé accidentellement, car sinon cette face peinte aurait dû se trouver sous le bloc.
Durant la fouille de la descenderie, plusieurs vestiges ont pu être mis au jour : des bouchons de jarres d'huile d'olive ramessides venant sans doute des magasins voisins (estampilles mentionnant cette huile-neheh), quelques étiquettes hiératiques, de nombreux fragments d'amphores de Troisième Période Intermédiaire, qui avaient dû contenir des résidus de momification, plusieurs ouchebtis en terre cuite ou en fritte glaçurée mentionnant encore le nom de plusieurs défunts (Padimontou, Ankheseniset, Tchouymès, Shedmen(em)hat etc...), des fragments de plusieurs cartonnages funéraires en toile encollée, stuquée et peinte et de résilles en fritte, ainsi que des tessons de récipients à engobe rouge et présentant une surface raclée, datant du Moyen Empire et associés au rituel du "bris des vases rouges".
SECTEUR STA
Équipe : Gemma Torra I Campos (ASR), Reïs Azab Hassan Mohamed Moussa (CSA), Hassan Ahmed Ibrahim (CSA), Sayed Aboulmagd Ahmed (CSA).
Dans le secteur des dépendances ouest (STA), ont repris en décembre 2019, les travaux de conservation et de restauration des magasins en brique crue. Il s'agissait, comme au cours des précédentes campagnes, d'assurer la consolidation des enduits des parois, en utilisant des solins. Dans le même temps, une partie de l'équipe a été chargée de restaurer les tranches de voûtes déficientes.
Un nouvel essai d'enduit sur l'extrados des voûtes a été tenté, mais le résultat ne sera perceptible que dans quelques mois, pour vérifier notamment son vieillissement.
SECTEUR STH. SA17
Équipe : Sylvie Ozenne (ASR), Khaled El-Tayeb Mohamed (CSA), Micaela Caletti (ASR), Nahla Mohamed Saleh (ASR).
La restauration, le classement et le conditionnement du matériel archéologique provenant des fouilles effectuées sur le site, ont pu reprendre durant cette campagne. Plusieurs secteurs ont été concernés par ce travail : PLR, STO, BCN/SHP, APS. Après vérification de leur enregistrement dans la base de données informatisée de la Mission, les objets ont été conditionnés par secteur dans des présentoirs en plastique conçus pour les recevoir.
Une visite dans le grand magasin Carter a permis de visionner tous les cartons contenant des vestiges du Ramesseum et qui ne sont toujours pas regroupés dans la salle-réserve qui a été affectée à la Mission. Ce regroupement général sera demandé au Comité Permanent des Antiquités, ainsi que le rapatriement des objets en provenance du Ramesseum et entreposés jusqu'à présent dans la tombe n° 58 de la Vallée des Reines.
TRAVAUX D'ÉTUDE
Responsable : Kevin Kirin (Université de Montpellier).
Durant cette campagne, nous avons bénéficié de la venue d'un hiératisant qui a pu examiner tous les ostraca hiératiques rassemblés au cours des récentes missions. Ces documents, entreposés dans la réserve du site ont pu être photographiés et étudiés. Il s'agit, en grande majorité, d'étiquettes de jarres qui contenaient des produits tels que vin, huile, miel et encens-sonter. Quelques documents de nature littéraire ont pu être également identifiés, dont l'un concerne la Prophétie de Neferti. Ces ostraca proviennent de plusieurs secteurs du site : APS (29 documents), APN (12 documents), APO (2 documents), STF (64 documents), STL (5 documents), DBN (2 documents), SHP (2 documents) et STI (1 document).
NETTOYAGE DES ABORDS DU PREMIER PYLÔNE (PPY)
À la demande du Comité Permanent des Antiquités, la Mission a dû prendre en charge le nettoyage des abords du premier pylône et notamment là où se trouve implanté le hameau désigné sous le nom de Nagaa el-Harôbat (ou encore Nagaa el-Ramesseum), juste derrière le palais royal.
Dans un premier temps, il a été procédé au désherbage des montants effondrés du pylône et au rehaussement d'un chemin longeant la structure pour éviter que l'irrigation de la zone agricole ne porte atteinte aux blocs de la construction antique.
Dans un deuxième temps, il a fallu procéder à l'évacuation d'un énorme kôm de détritus qui se trouvait à l'angle sud-est du pylône et qui provenait des habitants du hameau. Après l'enlèvement de cette décharge, une barrière métallique a été érigée pour éviter toute nouvelle pollution. La population du hameau a été avertie qu'elle serait soumise à de lourdes santions si la protection de l'environnement n'était pas respectée. Les deux inspecteurs responsables du site (M. Khaled El-Tayeb Mohamed et Melle Shaïma Abdel Kerim Gederob) ont sollicité de la municipalité de Gournah, la mise en place à proximité du hameau de deux containers pour stocker les déchets journaliers de la population.
Fait à Louqsor le 31 janvier 2020 - Dr. Christian LEBLANC - Directeur de Mission Archéologique Franco-Egyptienne de Thèbes-Ouest - Président de l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum
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