Mission automne hiver 2018

LA XXXe CAMPAGNE ARCHÉOLOGIQUE AU RAMESSEUM - NOVEMBRE-DECEMBRE 2018

Dans le cadre de la collaboration scientifique établie entre le Centre d'Étude et de Documentation sur l'Ancienne Egypte  (CEDAE, Ministère égyptien des Antiquités), l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum (ASR) et le Centro di Egittologia Francesco Ballerini (CEFB), la XXXe campagne archéologique a commencé le 1er novembre 2018. Recherches, travaux de fouille et de restauration ont porté sur plusieurs secteurs du Ramesseum, tant dans le temple proprement dit que dans ses dépendances.

Équipe : Christian Leblanc, Eric Desèvre, Laurent Chazalviel et l'équipe des restaurateurs dirigée par le reïs El-Azab Hassan Mohamed.

Dans la première cour, il s'agissait de valoriser la façade du palais royal en restaurant les vestiges conservés du portique sud et en restitutant huit bases de colonnes qui avaient disparu. Ce travail entrepris l'an dernier a pu reprendre au cours de cette saison. Les blocs de grès nécessaires à la réalisation des bases nouvelles ont été livrés sur place et les tailleurs ont pu se mettre à la tache. Les bases antiques, au nombre de douze, ont été restaurées. En vue de compléter ce travail, il restera à restituer la bordure du portique et à faire réapparaître le dallage antique conservé en le complétant là où il a disparu.

Un nivellement du sol de la première cour est également prévu pour combler les déclivités du terrain.

Un autre chantier a été également conduit à proximité de l'escalier axial restitué l'an dernier et qui constituait dans l'antiquité, l'accès principal de la première à la seconde cour, aujourd'hui bloqué par la présence du colosse effondré de Ramsès II. Pour faciliter ce passage, un escalier en bois avait été aménagé par le l'Inspectorat des Antiquités de Gournah, contre le montant nord du second pylône. Il a été supprimé et remplacé par un escalier en pierre intégré dans l'épaisseur du montant et auquel s'ajoutent trois marches en bois. Sur le même plan que le palier de l'escalier axial et mitoyenne à ce dernier, une plate-forme en bois, longue de 3,50 m et large de 1,70 m a été posée, bordée d'une balustrade métallique (haut. 1,00 m) pour accueillir les visiteurs qui pourront ainsi accéder à la seconde cour. La photo donne un état du travail en cours.

Christian Leblanc et Ramadan Ahmed, directeur du Bureau des Missions archéologiques, Inspectorat de Gournah. Cliché Sameh Mohamed Zaki.

Équipe : Christian Leblanc, Eric Desèvre, Laurent Chazalviel.

Dans ce secteur, le programme était de continuer la restitution des espaces architecturaux disparus en élévation. En se fondant sur le relevé archéologique faisant suite à la fouille du secteur effectuée entre 2005 et 2009, il a été possible de rétablir le tracé des salles et des cours qui bordaient, de ce côté, le corps principal du temple. Cette restitution réalisée sur la hauteur d'une assise de pierre, prend naissance au niveau de la salle des litanies et doit faire la jonction avec la deuxième cour. Bien avancée, cette opération confiée à l'équipe des tailleurs, devrait être achevée au cours de la prochaine campagne (2019). Le résultat doit permettre d'assurer une meilleure lecture du plan du temple.

Équipe : Sameh Mohamed Zaki, Magdi Mahmoud Shaker, Aboulayoun Gamaleddin Hussein, Eraldo Livio.

Avant de procéder à un travail de restitution identique à celui entrepris pour le bas-côté sud, il convenait de dégager dans ce secteur, tous les puits funéraires identifiés lors de la fouille conduite ces dernières années par J.-Fr. Carlotti (2009-2012). Au total, treize tombes ont pu être localisées dans l'espace longeant la salle des barques jusqu'à la grande salle hypostyle. Huit d'entre elles ont été déjà explorées entre 2015 et 2017, puis relevées et protégées par une grille metallique.

Cette année, les tombes SH.SA06.To01, SH.SA05.To01, SH.SA04.To01 et SH.SA03.To01 datant de la Troisième Période Intermédiaire ont pu être fouillées, ainsi que celle du Moyen Empire (SHP.ME) dont l'accès a pu être retrouvé et dégagé.

Équipe : Tommaso Quirino, Anna Consonni, Ossama Bassiouni, Paolo Marini, Mimosa Ravaglia.

L'exploration du secteur STL a pu être réalisé l'an dernier et le programme envisagé pour cette saison était de procéder à la protection et à la restauration des murs antiques des salles de ce complexe en brique crue. Les maçons ont donc pris en charge ce travail, pendant que l'équipe des archéologues continuait de progresser vers l'ouest, dans un autre ensemble de bâtiments (secteur STG).

Dans cet autre quartier, la fouille  a révélé l'existence de plusieurs puits, apparemment de Troisième Période Intermédiaire, creusés à l'intérieur même des salles. Plusieurs niveaux de sols ont été également identifiés et quelques découvertes ont pu être effectuées : un bel ostracon figuré a, par exemple, été retrouvé dans la salle STG.SA12, et représente la déesse Meretseger sous l'apparence d'un cobra dressé portant une couronne composée de deux hautes plumes droites auxquelles est associé un disque solaire.

En 2017, la restructuration et la protection du mur de façade des secteurs STL et STG donnant sur le déambulaoire nord (DBN) avaient pu être achevées. Cette année, ce travail a pu reprendre en progressant vers l'ouest. Il a permis d'accomplir les mêmes taches pour le mur de façade du complexe STH.

Responsable : Christian Leblanc

Des vérifications ont pu être effectuées dans la salle STI.TR (annexe du Trésor) en vue de localiser plus précisément l'entrée de la tombe du Moyen Empire attribuée à Sehetepibrê, découverte en 1896 par J. E. Quibell.

Une prospection menée au fond de la salle, au niveau du mur en terre crue présentant une large échancrure (mur est de la salle STI.TR), a permis de collecter un certain nombre d'indices sur l'entrée de cette sépulture, complètement disparue depuis son identification.

Lors de ces investigations, une cache a été mise au jour à proximité du mur, contenant un buste en diorite de la déesse Sekhmet figurée avec des yeux rouges et un coffret en bois pour des oushebtis malheureusement entièrement dévoré par les termites. Il n'en subsistait que les contours et son contenu constitué de figurines en terre crue, de facture très fruste et dans un état de pulvérulence avancée (Troisième Période Intermédiaire). Non loin de cette cache, trois cercueils en bois, partiels et dégradés ont été retrouvés dans l'épaisseur du mur, ainsi que d'épais morceaux d'un revêtement mural en limon. Ces fragments, peints et présentant un motif floral (fleurs à pétales rouges sur fond jaune ou à pétales noires sur fond blanc) devaient appartenir probablement au décor du plafond de cette tombe qui devra être dégagée l'an prochain. C'est sur la trajectoire de son corridor, long d'une quinzaine de mètres en direction de l'ouest, qu'un puits semble avoir été creusé à la XIIIe dynastie, pour servir de tombe à un magicien, propriétaire d'un coffret contenant vingt-trois papyrus médicaux et magiques, retrouvé près du caveau de Sehetepibrê. La localisation exacte de ce puits n'a pu être encore identifiée, mais devrait se situer dans la salle STI.SA09.

Exemples de revêtement mural provenant sans doute de la tombe de Sehetepibrê (décor de plafond de la tombe).

Responsable : Guy Lecuyot

Dans ce secteur réservé aux ateliers du temple, l'exploration touche aujourd'hui à sa fin, mais des vérifications sont encore nécessaires afin de mieux déterminer l'entrée antique de ce quartier auquel on devait accéder depuis le déambulatoire sud (DBS).

Une prospection conduite en bordure du vestibule dallé de ce complexe et de la terrasse aménagée au cours de la Troisième Période Intermédiaire devrait permettre de préciser l'emplacement de cette entrée et de pouvoir envisager un accès de ce quartier aux visiteurs, après avoir percé le tronçon d'un mur adventice construit lors de la transformation des dépendances en nécropole. Dès que ce travail sera achevé, un panneau d'information trilingue et illustré sera mis en place à proximité de l'ouverture.

Parallèlement à ces recherches, la restauration et restructuration du mur ramesside qui longe ce secteur, côté nord, est en cours (protection des assises antiques) de même que le revêtement en dalles en terre crue du sol de plusieurs des grandes salles désormais fouillées qui précèdent la cour du complexe.

Équipe : Hélène Guichard, Victoria Asensi Amoros, Anne-Hélène Perrot, Eraldo Livio.

Il convenait de reprendre, sur cette allée, la fouille de la tombe du Moyen Empire (APO.CN21) et plus particulièrement du tronçon du corridor situé juste avant la porte  d'accès à cette sépulture.

Le nettoyage minutieux des derniers niveaux archéologiques a permis de mettre au jour plusieurs vestiges contemporains de la première inhumation : un beau scarabée de coeur en schiste, deux tables d'offrandes en terre cuite associées à plusieurs récipients de formes variées ont été découverts pendant la fouille et doivent permettre d'affiner la datation de cette tombe.

La prochaine campagne, en 2019, aura pour objectif principal de dégager la façade de la sépulture, mais il sera nécessaire, pour y parvenir, de démonter en surface une portion de mur datant de la Troisième Période Intermédiaire, construit sur l'allée processionnelle à l'emplacement de cette antique entrée actuellement masquée.

Équipe : Jocelyne Hottier, Gwenaelle Le Borgne, Ayat Farouk Abdelouanis, Shaïma Shehaoui Mohamed.

La fouille commencée en 2013 dans la portion sud-ouest du cavalier de déblais a repris cette année afin de retrouver l'angle que forment les allées processionnelles sud et ouest. Si le dégagement avance à un bon rythme, l'épaisseur des déblais encore à retirer ne permettra sans doute pas de parvenir au niveau du sol ramesside au cours de cette mission. Une campagne sera donc encore nécessaire pour obtenir le résultat souhaité.

Jusqu'à présent la fouille n'a révélé aucun élément qui pourrait nous informer sur le type de monument animalier qui scandait la voie processionnelle sud. En revanche, elle a livré d'autres vestiges, notamment en relation avec les dépendances économiques ramessides (ostraca, étiquettes de jarres, bouchons, sparteries) et la réutilisation de ces mêmes annexes lors de la Troisième Période Intermédiaire (fragments de cartonnages, oushebtis, perles de résilles funéraires etc...).

Équipe : Sylvie Ozenne, Jean-Marie Roger, Khaled El-Tayeb Mohamed.

Comme chaque année, le travail de conditionnement des objets de fouille a pu se poursuivre dans la réserve STH.SA.17 et a notamment porté sur le matériel archéologique provenant des secteurs ZSC (sanctuaire du temple) et STO (maison de vie).

Dans le lapidarium (salle STH.SA16), il a été possible de compléter le dallage en briques cuites du sol de cette réserve où sont rentreposés sur des rayonnages les éléments épars, en pierre, provenant de l'architecture et du décor du temple.

Un inventaire des antiquités enregistrées et classées dans ces deux réserves a été entrepris depuis quelques mois par l'Inspectorat de Gournah. Pour faciliter ce travail, la base de données informatisée de la MAFTO a été mise à la disposition des inspecteurs égyptiens.

(Résumé de Christian Leblanc, directeur de la MAFTO). Clichés © Christian Leblanc et Pascal Pelletier