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ASR Comptes rendus Voyage Caire Fayoum du 09 au 17 janvier 2020
Pour notre départ le 9 janvier, les contrôleurs aériens étaient en grève, mais notre avion n'a eu qu'une heure de retard, que notre groupe de 24 participants a mise à profit pour fêter ses retrouvailles (pour la plupart) et notamment avec notre accompagnatrice hors pair, Françoise. A l'arrivée au Caire, la chaussée était mouillée mais nous avions échappé aux trombes d'eau. Nous nous installions sans retard pour 3 nuits à l'hôtel Oasis. Le lendemain matin sur le plateau de Gizeh, les nuages jouaient à cache-cache avec le soleil, créant par moments des couleurs magnifiques. Nous venions de retrouver avec grand bonheur notre guide Sameh, ses explications passionnantes et sa sollicitude. Son travail en amont nous promettait de visiter au Fayoum 4 sites fermés au public. Pour 3 d'entre nous, c'était une première. Ils ont bien compris que nous ne ferions pas la visite classique (intérieur de Khéops et barque) mais une visite plus originale et intéressante à la recherche d'indices sur le sol, et nous permettant de voir les magnifiques mastabas d’Idou, de Khâr et de la reine Meresankh III. L'après-midi, une fois contournées les « coulisses » des écuries, nous sommes les seuls à visiter, au-delà du « mur du corbeau », les tombes des ouvriers, guidés par l'inspecteur du lieu. De belles et émouvantes surprises nous y attendent. Le lendemain, à Saqqarah, nous découvrons ou redécouvrons sous le soleil le complexe de Djoser, la pyramide à textes d'Ounas, et les magnifiques tombes de Maya le trésorier, d' Horemheb général, de Méryneith et de Méhou le matin. Certains ont même sauté l'étape du repas délicieux au Palm club pour voir quelques mastabas supplémentaires....L'après-midi fut consacrée aux tombes de Ptahhotep (et Akhethotep), de Maya la nourrice et de Nemtymès. Le lendemain, nous disons adieu à l'agitation du Caire et à ses cohortes de touristes pour 4 jours et partons en direction du Fayoum, avec notre escorte policière. Dans le car, nous pouvons consulter, grâce à Françoise, les livres qui circulent, complétés de photocopies, au sujet des différents sites que nous visiterons. Première étape : Meidoum avec la pyramide inachevée de Snéfrou et le mastaba de Nefermaât. Puis nous visitons Illahoun, l'extérieur de la pyramide de briques crues de Sésostris II, et les mastabas qui l'entourent, ainsi que les souterrains funéraires ouverts à la visite depuis peu. Après un pique-nique, visite à la pyramide de Hawara, puis installation dans cet étonnant hôtel au bord du lac, qu'est l'Auberge du Fayoum, qui nous plonge dans la première moitié du siècle dernier ... Lundi 13, départ en car pour des ruines de villes gréco-romaines : d'abord Bacchias, puis Karanis avec un intéressant musée en plus du musée de plein air de Kiman Faris, qui réunit la statuaire découverte à Medinet-el-Fayoum ; nous nous perdons dans un labyrinthe d'habitations plus ou moins restaurées selon les sites et visitons vestiges de temples et thermes propices à de belles photos ;l'autel oraculaire semble attendre nos questions. Nous scrutons les milliers de poteries sous nos pieds, découvrons des ossements et prenons un cours d'anthropologie auprès du Dr André Macke. Bien sûr, les milliers d'ostraca, de papyri et de portraits sont en lieu sûr dans les musées. Repas délicieux à Medinet el Fayoum et sympathique apéro le soir dans une « suite royale » (oui !). Nous ne savons pas encore quels éblouissements nous attendent les 2 jours suivants ! Le programme a été réagencé pour une meilleure organisation et nous permettre de voir les sites les plus intéressants. Nous allons être servis ! Nous nous sommes répartis dans 6 quatre-quatre chargés d'ustensiles variés (pelle et tôle ondulée, batterie de cuisine, auvents etc...) Nos chauffeurs sont très raisonnables. La première étape, l’ouadi el Rayan, nous amène à la « vallée des baleines », un site classé par l'Unesco et extrêmement bien aménagé. Des dizaines de fossiles nous attendent sur le sable, la vedette en étant le « basilosaurus », lointain ancêtre de la baleine, parmi des fossiles de mangroves, et surtout dans un décor extraordinaire sculpté par l'érosion ; aux dires de tous, le paysage à lui seul vaut le détour ! Étonnamment la pluie, événement ici exceptionnel, se met à tomber à notre arrivée, mais n'entame pas notre enthousiasme. Le musée sur place est impressionnant et très bien exposé. Mais Tebtynis, ville fondée il y a 4000ans à la XIIème dynastie, nous attend, avec ses lions ptolémaïques, ses dromos et ses habitations bien mises en valeur. A la fin de la visite, nous avons la surprise de voir que nos accompagnateurs locaux ont installé auvents, tapis et tables basses pour un repas à la bédouine qui s'avère délicieux. Pleins d'énergie, nous repartons pour la visite de Medinet Maadi, en traversant les champs où l'on récolte camomille blanche et soucis orangés. C'est l'ancienne Gia, où subsiste l'un des 2 temples du moyen empire encore debout, qui abrite quelques bas-reliefs et inscriptions. Sobek et Renenoutet nous guettent au recoin d'un mur. Encore un petit musée fort intéressant. Et nous rentrons, en traversant les villages à faible allure, car c'est l'heure où l'on rentre le bétail. Les habitants sont aussi surpris de nous croiser que nous de partager ces scènes d'un autre âge. Le lendemain, nous repartons en quatre-quatre. Une première halte nous amène à distance de la pyramide de Sila. Celle-ci n'est pas une tombe mais fait partie d'un ensemble qui jalonnait l'Egypte. Puis, nous visitons une « forêt pétrifiée » abritant des fossiles variés, bien que moins anciens que ceux de la veille. Des fleurs jaunes ont poussé grâce aux pluies récentes. En chemin, nous croisons encore quelques paysages époustouflants. Nous observons le long ruban de la voie construite, notamment en basalte, afin d'acheminer les pierres de basalte du pavement située devant la pyramide de Khéops, ensuite acheminés par voie fluviale. Le temple de Kasr el Sagah, entièrement du moyen empire et anépigraphe, nous tend les bras. Puis après un moment de route, des formes fantomatiques grandissent à toute allure à l'horizon: ce sont de hauts reste de l'enceinte de brique crue abritant le temple de Soknopaios, qui a fait construire la ville éponyme, désormais Dimai el Sebah. Je vous épargnerai les références littéraires et cinématographiques qui nous ont effleurés durant ce périple ! Ressortant des ruines, nous découvrons l'installation du repas bédouin, pour déguster une délicieuse grillade accompagnée d'un petit vin. Une route à travers champs (désert irrigué planté de tomates et d'oliviers) et c'est l'Auberge, qu'il nous faut quitter le lendemain pour un retour au Caire. Pour cette dernière journée, nous visitons le matin le nouveau Musée de la Civilisation Egyptienne : le directeur nous guide à travers la salle consacrée à l'artisanat et nous montre la prochaine salle, en pleine élaboration où ont lieu des travaux de restauration. L'après-midi est consacrée à visiter le musée du Caire, que nous trouvons dans la fébrilité qui préside à tout déménagement ! Nous nous promettons le lendemain de nous retrouver bientôt, que ce soit pour l'assemblée générale de l'ASR, la conférence de Christian Leblanc ou encore un nouveau voyage ! En attendant, il y a toujours internet ...Christine Vinas
Magnifique circuit que celui préparé dans le cadre de l’ASR par Françoise, Sameh et Sylvia Tours, qui nous a promenés du Caire et ses mythiques pyramides, aux pyramides et temples moins connus du Fayoum, du désert aux oasis et vallées verdoyantes, sans oublier les fossiles de la Vallée des Baleines et la Forêt Pétrifiée. Jour 2 : Nous laissons nos confortables bungalows sur jardin de l’hôtel Oasis à Gizeh –où nous passerons 3 nuits -pour aller admirer les grandioses pyramides sur le plateau désertique, de plus en plus cerné par la ville, et visiter les mastabas de Heddou, Qar,, et Meresankh III. Les effets de lumière du soleil entre les nuages qui arrivent, avec les taches de couleur des dromadaires sur ce décor de rêve, et la visite au Sphinx, complètent une matinée fertile en émotions. Après un déjeuner en ville, nous visitons le village des ouvriers de Heit-el Gourob, à flanc de colline, modeste et émouvant, où certains contremaîtres avaient des tombes joliment décorées, et André Macke nous livre son analyse sur un crâne posé à même le sol dans une petite tombe . Retour à l’hôtel pour faire plus ample connaissance avant de dîner. Jour 3 : Aujourd’hui, c’est Saqqara, la pyramide de Djéser sous le soleil et un peu de brume, la visite de la pyramide d’Ounas, à la chambre funéraire superbement décorée, reproduisant au dedans l’extérieur du temple d’antan, multicolore, avec des panneaux d’albâtre, et son sarcophage en pierre noire. Puis la tombe de Maya (trésorier des pharaons Toutankhamon et Horemheb) avec ses hauts-reliefs peints en jaune, les tombes d’Horemheb, Meryneith, et le tombeau de Mehou. Le déjeuner en ville sera suivi de la visite du mastaba de Ptahhotep, puis du Bubasteion. On voit dans la tombe de Maya,qui était remplie de momies de chats, Toutankhamon assis à califourchon sur les genoux de sa nourrice. Celle de Nemtymes nous étonnera par sa blancheur aux magnifiques reliefs turquoise, et révélera, au fond, une vache de la 19éme dynastie, redécouverte par hazard, et une tombe de la 18ème dynastie. Magnifique final d’une autre superbe journée, avant le traditionnel apéro et le dîner. Jour 4 : Ce matin à 8h, on prend les valises, direction le Fayoum, où nous serons toujours escortés de notre voiture de police. C’est bien pratique quand il faut faire demi-tour sur l’autoroute, car pas de carrefours! On commence par la pyramide de Meïdoum, que l’on peut visiter, avec une impressionnante rampe en descente, puis des échelles pour remonter à la chambre funéraire avec sa voûte en encorbellement. On se promène au milieu des gros mastabas, dont celui décoré des oies que nous verrons au Caire. La journée se poursuit avec la pyramide d’El-Lahoun : au bout d’un spacieux couloir, ses sarcophage et chapelle funéraire en granit rose sont d’une facture impeccable. Dehors, pyramide et mastabas en calcaire blanc étincellent au soleil. Nous verrons au Caire le trésor découvert ici par Pétrie dans la “tombe de la princesse”. Nous mangerons notre panier-repas en face de la pyramide d’Hawara, dont l’accès à la chambre funéraire est bloqué par les infiltrations du canal voisin, avant de parcourir le site. Nous gagnerons vers 16h30 notre hôtel, l’Auberge du Fayoum, ancien relais de chasse du roi Farouk, situé au bord du lac, avec jardin, grande terrasse et piscine. Grandes chambres, salles de bain en marbre, où l’eau chaude fera parfois défaut (mais il y a beaucoup de chambres et peu de touristes, on peut changer, ce qui vaudra à Christine V de disposer d’une grande suite envahie pendant 4 soirs pour les apéros…) Le grand salon est magnifique (sol enmarbre, tapis, miroirs, chandeliers, fauteuils, grande cheminée), mais nous serons trop occupés pour y séjourner!Jour 5 : Nous partons en car pour le site de Bacchias, longeant les canaux, les champs, traversant, parfois difficilement, les villages. Le site est très peu fréquenté, mais immense, comme beaucoup de ceux que nous verrons au Fayoum. Le sol est jonché de débris de poterie rouge. La brique crue s’est effondrée, bien souvent, mais l’on peut identifier les habitations et les thermes, par exemple. Nous poursuivons vers Karanis, site très étendu, dominé par ses portes et temples en pierre. Nous voyons dans un temple la niche où reposait la momie du crocodile sacré dans tout le Fayoum (il porte des noms différents dans les divers sites), et en face du temple sud, la piscine des crocodiles. Quelques habitations, une baignoire dans une niche décorée de vigne. Le musée de plein air présente des colonnes ou statues gravées de hiéroglyphes, alors que le musée Kom Aushim à l’entrée présentait quelques trésors, comme les célèbres momies peintes des portraits du Fayoum, dont on trouve des exemples dans divers grands musées du monde. En outre, ces sites du Fayoum ont révélé de nombreux papyrus. Nous déjeunons à Fayoum d’une cuisine plus typique que dans nos hôtels, qui sera bien appréciée, puis rentrons à l’hôtel dans les bouchons du soir, les véhicules motorisés se mêlant aux animaux. Jour 6 : Départ à 7h, dans six 4x4, pour le désert, et d’abord la Vallée des Baleines (Basilosaurus), dans le Wadi el Hitan. Spectacle magnifique de fossiles géants gisant dans un paysage hors du commun, et visite du musée, documentaire à l’appui. Il nous manquera juste un peu de soleil pour apprécier pleinement la splendeur du décor. Les 4x4 roulent à fond dans le désert ou sur la route, suivis de la voiture de police. Nous arrivons à Tebtynis, au sud du Fayoum, site très étendu, un des plus connus et remarquables de l’oasis. Fondé vers 1800BC, il a été habité jusqu’au 13ème siècle. Autour s’étend une vaste nécropole humaine et animale, et de nombreux papyrus y furent trouvés. Arrivés à l’autre bout du site, nous avons le plaisir d’y trouver les 4x4 dont les chauffeurs ont préparé le pique-nique sur des nattes à l’abri des véhicules. Nous repartons ensuite vers Medinet Mâdi (et son musée), où le temple dédié à Rénénoutet ( on trouvera là le sceau en or au nom du prêtre de la déesse), est le seul temple du Moyen Empire encore intact. L’allée décorée de lions, de sphinx, et d’amazones est longue, et dominée par un belvédère qui donne vue sur tout le site. Dos à dos avec ce temple, se trouve un temple dédié à Sobek, avec un relief du dieu crocodile vénéré dans tout le Fayoum. Retour par la piste, et traversée de villages et bourgs fort actifs à la nuit tombante. Notre voiture de police a bien du mal à maintenir l’ordre du convoi, et les voyageurs s’inquiètent parfois de voir tout le monde foncer pour passer. Un retour haut en couleurs ! Jour 7 : Départ à 7h15 pour la pyramide de bornage en pierre bien taillée, à degrés, de Sila, en haut d’une colline qu’il faut gravir, et qui offrira une vue extraordinaire sur les pentes et les vallées verdoyantes. On voit très loin, malgré la brume du matin. Etape suivante, sur la rive nord du lac, la Forêt Pétrifiée, vestige d’une forêt tropicale (il y a 33 millions d’années), jonchée de troncs d’arbres et de fossiles d’animaux. C’est le Djebel Qatrani qui a fourni le basalte pour la pyramide de Kheops, et la piste longe la route de basalte qui en permettait le transport vers le lac et le Nil. Nous traversons ensuite des paysages où l’érosion a façonné des formes fantastiques sur la roche, tout en descendant vers le lac. Bref arrêt au Qasr el-Sagha, petit temple en grosse pierre taillée avec ses 7 chapelles et son vestibule. La vue de là haut est à couper le souffle ! Nous poursuivons notre descente vers Dimeh el-Siba, dont les hauts (13m) murs d’enceinte de brique crue en lambeaux évoquent Monument Valley. Ils enserrent les temples dédiés à Sobek, (Sonochuros, ici?) dos à dos encore, et les habitations. Au-delà des murs, encore une grande ville, avec un dromos de 300m en dalles de pierre, qui allait sans doute jusqu’au lac. On voit très bien comment les maisons étaient construites, les poutres de bois subsistent…Le barbecue nous attend, nos chauffeurs ont cuisiné pendant la visite, et installé les nattes. Le repas sera même arrosé d’Obélisk, offert par Sameh, satisfait de son groupe enthousiaste et ponctuel. Un grand merci à lui pour ses connaissances et son plaisir à les partager. Nous rentrons par la piste à l’est du lac, au milieu de l’agitation et des activités de fin d’après-midi. Le Fayoum nous a régalés de toutes sortes de spectacles variés et passionnants, que de bons souvenirs ! Jour 8 : Ce matin nous retrouvons notre chauffeur pour rentrer en car au Caire. Nous commençons par la visite du tout nouveau Musée National de la Civilisation Egyptienne, dont une salle immense est ouverte, consacrée aux artisanats égyptiens: poterie, bois, cuir, bijoux,… et même un atelier de tannerie, à l’extérieur. De magnifiques objets sont ici exposés et le musée va élargir ses collections. L’architecture et les alentours en sont magnifiques: palmiers, bassins, pelouses. Une petite boutique offre des souvenirs et des livres et revues, bienvenus après la semaine de voyage. Nous déjeunons en ville, dans un grand restaurant typique, avant de terminer l’aventure au Musée Egyptien, pour y admirer une partie de ses trésors, le temps nous manquera, bien sûr, il faudra revenir…Le car nous amène à l’hôtel Steinenberger Tahrir, à deux pas du Musée, pour une courte nuit: lever à 5h15 pour prendre l’avion pour Paris. Nous disons un dernier merci à Sameh. Ce n’est qu’un au revoir! Merci à nos chauffeurs de nous avoir transportés en sécurité. Merci à Françoise, si dévouée et attentive, de nous avoir accompagnés au cours de ce beau voyage. Nous allons regarder et échanger photos et souvenirs, et revivre ces visites si denses et si passionnantes…Longue vie à l’ASR, et à bientôt pour d’autres voyages! Myriam Deghaye
18 décembre 2019
Inauguration le 18 décembre, au Musée égyptien du Caire, d'une exposition consacrée aux fouilles françaises en Égypte. Elle est organisée par le ministère des Antiquités, le Musée égyptien de Tahrir et l'Institut Français d'Archéologie Orientale (IFAO).
Le ministre des Antiquités, Dr. Kahled El-Enani et l’ambassadeur de France en Egypte, Stéphane Romatet, ont inauguré hier, 18 décembre, une exposition organisée par le ministère des Antiquités, le Musée égyptien du Caire et l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) intitulée « Archéologie française en Egypte : recherche, coopération, innovation ».
Cette exposition est organisée dans le cadre de l’année France-Egypte 2019 et est accessible au public dès aujourd'hui et jusqu'au 18 février 2020 autour d’un choix de pièces remarquables découvertes par les missions archéologiques françaises qui travaillent en Égypte.
Étaient présents également au vernissage des hauts responsables du Ministère des antiquités, les directeurs des centres de recherches archéologiques français en Egypte ainsi que de nombreux chefs de chantiers présentés à l'exposition et des chercheurs étrangers et égyptiens de la communauté archéologique en Égypte.
Institut français d'Égypte Ambassade de France en Égypte Ministry of Antiquities - Centre d'Études Alexandrines - CEAlex Centre Franco-Égyptien d'Étude des Temples de Karnak - CFEETK L'IRD en Méditerranée
Vendredi 13 septembre 2019 - Centre culturel d’Egypte à Paris
Christian Leblanc a présenté son dernier livre hier au centre culturel d’Egypte à Paris. Merci à Nivine Khaled de nous avoir encore accueilli chaleureusement. Malgré les conditions de circulation difficiles, de nombreux amoureux de l’Égypte (et fervents admirateurs de Christian), sont venus faire dédicacer le dernier ouvrage du président de l’ASR : Ramsès et le Ramesseum. De la splendeur au déclin d’un temple de millions d’années.
Christian Leblanc présente son nouvel ouvrage : "Ramsès II et le Ramesseum. De la splendeur au déclin d'un temple de millions d'années".
Après "La Mémoire de Thèbes" publiée en 2015, où il nous avait fait découvrir son passionnant parcours à travers cette Egypte d'hier et d'aujourd'hui, après ses autres livres, comme "Nefertari, l'aimée-de-Mout" ou "Les reines du Nil au Nouvel Empire" dans lesquels il a su transmettre l'aboutissement de ses recherches en faisant revivre l'histoire avec intelligence et pédagogie, Christian Leblanc vient de faire paraître, chez L'Harmattan, un nouvel ouvrage: "Ramsès II et le Ramesseum. De la splendeur au déclin d'un temple de millions d'années".
Ramsès II, ce pharaon emblématique qui a régné presque 67 ans, a été un grand bâtisseur comme en témoignent tous les monuments qui, du Delta jusqu'à la Nubie, portent sa signature. Sur la rive ouest de Louqsor, au pied de la sainte montagne de Thèbes, à la limite des terres agricoles, se dresse et s'étire la majestueuse silhouette de ce qui fut l'une de ses plus belles réalisations : "le temple de millions d'années d'Ousermaâtrê-Setepenrê qui s'unit à la cité de Thèbes, dans le domaine d'Amon". Édifice d'une belle élégance architecturale, c'est à Champollion que l'on doit son appellation actuelle : le Ramesseum, que Marguerite Yourcenar se plut à qualifier de "temple le plus romantique de Thèbes".
Vingt années ont été nécessaires à la construction de ce vaste complexe ... et cela fait un peu plus de 20 ans que Christian Leblanc et ses équipes se consacrent à le faire revivre… Déblayant les sables, recherchant les arases, décryptant les pierres, lisant les inscriptions, étudiant l'iconographie, il en connaît chaque recoin, chaque hiéroglyphe… Pour notre plus grand bonheur, il a accepté de nous présenter "Ramsès II et le Ramesseum" en répondant à nos questions…
EA : 398 pages pour présenter Ramsès II, le stratège militaire, le roi-dieu, son temple de la rive ouest qui couvre plus de 10 hectares et dont l'histoire s'étend sur près de 3500 ans : cela représente un travail de synthèse colossal ?
CL : Il ne s'agissait pas pour moi d'écrire une nouvelle biographie de Ramsès II, car il en existe déjà beaucoup, mais de rappeler d'abord dans un premier chapitre, les différentes facettes de ce souverain exceptionnel dont les talents furent incontestables et se reflètent dans la construction et l'administration de ce qui fut l'un de ses temples de millions d'années. Pour écrire ce livre, il me fallait, à l'évidence, un maximum d'informations et de données que seules les fouilles menées pendant plus de trente campagnes archéologiques, ont pu produire. Le Ramesseum, en effet, n'avait jamais été exploré de façon systématique, ce qui veut dire que l'on en savait peu de choses. Aujourd'hui, même si les recherches ne sont pas achevées, tous les résultats obtenus sur le site mais aussi à travers des quêtes documentaires, pouvaient me permettre d'envisager une synthèse sur l'histoire de ce monument. Certes, la synthèse n'est pas un travail facile, loin de là, mais c'est un travail nécessaire qui permet de livrer déjà, aussi bien à la communauté scientifique qu'à un plus large public, la perception qu'un chercheur peut avoir sur un sujet qu'il étudie depuis des années. C'est une transmission du savoir qui doit être accessible à tout le monde. La synthèse doit bien évidemment pouvoir s'enrichir de compléments et être mise à jour lorsque de nouvelles sources le permettent. Tout ce qu'il y a dans ce livre, c'est finalement tout ce que nous savons, à ce jour, grâce aux recherches de ces vingt dernières années, sur la conception, sur la vie, le déclin et la mort de cet édifice de Ramsès II.
EA : Le Ramesseum est "LE" temple de millions d'années de Ramsès II : comment définissez-vous ce concept, cette appellation au long parfum d'éternité ?
CL : À Thèbes, de manière vraiment très restrictive, on a souvent désigné les temples de la rive gauche comme étant des "temples funéraires". C'est déjà oublier que les anciens Égyptiens ne les nommaient pas ainsi, mais les appelaient des "temples de millions d'années". Or, ce que l'on doit ajouter, c'est que ces "temples de millions d'années" n'ont pas été exclusivement construits qu'à Thèbes. On en retrouve à travers tout le royaume d'Égypte. Ramsès II avait d'autres temples de millions d'années que le Ramesseum. On lui en connaît un autre en Abydos, à Qantir, à Héliopolis, à Memphis... D'autres souverains étaient dans le même cas : Merenptah, son fils et successeur, disposait d'au mois deux temples de millions d'années, l'un à Thèbes, l'autre dans la cité de Thinis où était honoré le dieu Onouris. Ramsès III lui-même avait également au moins deux temples de millions d'années, celui de Medinet Habou et celui de Tell el-Yahoudieh, "dans le domaine de Rê au nord d'Héliopolis" qui comprenait pas moins de 2.177 fonctionnaires à son service !
En fait, ces temples apparaissent bien plus comme des monuments servant à glorifier ou à exalter le pouvoir royal, à magnifier la fonction monarchique et à établir tangiblement le pharaon constructeur au rang de dieu. Dans ces temples, si le roi y reçoit un culte après sa mort, ce culte y est aussi déjà célébré de son vivant. Ses manifestations divines (kaou) que matérialisent les colosses qui se dressent notamment dans les cours ou les salles, ont un clergé spécifique. Du vivant de Ramsès II, il y avait un grand prêtre de l'Amon-de-Ramsès ou de l'Amon-de-Khenemet-Ouaset qui officiait au Ramesseum, c'est-à-dire qui était au service de l'une des hypostases divines du roi.
Sans doute faut-il rappeler une nouvelle fois que, sans nier le caractère funéraire de la rive gauche de Thèbes, cette rive est également associée à la royauté, par opposition à la rive droite qui elle, a une connotation exclusivement divine : c'est là que règne le "roi des dieux" Amon-Rê sur ses domaines de Karnak (Ipet-Sout) et de Louqsor (Ipet-Rsyt). Sur la rive gauche, se trouvaient les fondations royales ou temples de "millions d'années" mais aussi sans doute une ville administrative gérée au Nouvel Empire par la royauté (khefet-her-neb.es). On sait que sous le règne d'Amenhotep III, c'est encore sur cette rive et non sur l'autre, que l'on construisit cette immense cité palatiale, connue aujourd'hui sous le nom de Malqatta.
Enfin, dans l'esprit des anciens Égyptiens, l'expression "millions d'années" était incontestablement une allusion à la notion de pérennité, de durabilité pour ne pas dire d'éternité, que l'on souhaitait à ces monuments comme d'ailleurs au pouvoir royal en place. Rien ne devait venir perturber l'ordre établi, cette stabilité permanente et désirée, cette sorte d'"harmonie universelle" qui seule conditionnait la vie de l'Égypte et dont Maât était la garante.
EA : Construire un temple obéissait à de multiples règles. Il ne s'agissait pas QUE d'un monument mais d'un "grand livre de pierre" qui devait refléter la symbiose du roi avec Maât et comporter un programme iconographique fidèle au concept que cette divinité représentait: tout était scrupuleusement et soigneusement étudié par les prêtres, les architectes et avalisé par pharaon ?
CL : Pour la construction d'un temple, il y avait d'abord un rituel de fondation. Il fallait choisir le lieu, définir les limites et l'orientation que devrait avoir le futur monument, tout cela se faisant sous le contrôle de prêtres et d'astronomes. Le roi en personne devait présider cet événement, comme on peut le voir dans un certain nombre de scènes retraçant les séquences de ce grand rituel, dont il est d'ailleurs le principal acteur. La naissance d'un temple était assimilée à une véritable "mise au monde" : l'aire sur lequel il devait se dresser était comparée à un berceau délimité par des blocs d'angle, et les différentes étapes de croissance et de développement de sa construction, pouvaient s’apparenter à celles d’un être humain. Les fondations une fois creusées devaient être purifiées avant que l'on y pose les premiers blocs. L'architecte en charge du chantier devait respecter des concepts que son ouvrage allait devoir matérialiser.
Quant au programme iconographique, il devait être en parfaite conformité avec les lieux. Dans les temples de millions d'années, ce programme laissait une large place aux scènes de culte, mais aussi aux grands événements, qu'ils soient religieux, politiques ou militaires, qui avaient pu marquer le règne du roi constructeur. La famille du souverain y trouve aussi sa place, comme le montrent notamment ces longues théories princières qui ornent certains murs. Au Ramesseum, un petit monument était même dédié à Touy, mère du roi et à Nefertari. Une fois achevé, il est vrai que le temple pouvait apparaître comme un grand "livre de pierre", mais dont la lecture n'était pas pour autant aisée et sans doute même réservée aux initiés. Tout était pensé, codifié, guidé par le concept de Maât, rien n'était fait de manière fortuite, rien n'était le fruit du hasard.
Alors s'agit-il aujourd'hui pour nous, de comprendre et surtout d'essayer de décrypter, à partir des éléments constitutifs en élévation, ce que l'architecte a d'abord tenté de traduire ou de matérialiser dans son ouvrage, puis de décrypter ensuite le décor ou le contenu des scènes reproduites en relief et qui toutes, par leur présence, ont une signification bien précise.
EA : Le temple n'était pas qu'un lieu de culte, c'était aussi une institution avec des magasins, des officines ? Le roi y avait également semble-t-il une résidence … Peut-on imaginer que ce lieu bruissait de vie ?
CL : Oui, le temple égyptien était une véritable institution. Il y avait la partie sacrée, correspondant à l'édifice de pierre où se déroulaient les cultes et les rituels, puis une partie que l'on pourrait plutôt qualifier de profane, c'est-à-dire là où se tenaient les magasins, entrepôts et services administratifs que gérait un personnel spécifique. À défaut d'un temple de culte complet, la chance que nous avons au Ramesseum est d'avoir en revanche à disposition tous ces bâtiments en brique crue, la plupart voûtés, qui entourent le temple sur trois côtés et qui constituent ses dépendances.
Les fouilles que nous avons pu y mener, notamment du côté sud, ont permis d'identifier bon nombre de quartiers: les ateliers, les cuisines, boulangeries (et probablement brasseries), les économats, et certainement un complexe administratif. On a pu encore y retrouver une "maison de vie", c'est-à-dire une institution d'enseignement où de jeunes enfants suivaient un enseignement pour devenir scribe.
C'est de ce même côté, que nous avons pu également dégager le palais royal, bâtiment exclusivement de fonction où le roi pouvait se rendre lors de ses séjours à Thèbes, mais dans lequel il ne résidait pas. Au nord-ouest, dans d'autres dépendances ont été identifiés les celliers, les magasins pour l'huile et pour le miel, et l'annexe du Trésor principal du temple. Bien d'autres officines restent encore à dégager, mais déjà, grâce à l'exploration de toute une partie de ces bâtiments, on comprend beaucoup mieux comment fonctionnaient ces grands temples de millions d'années. Ces différents services devaient répondre en priorité aux besoins intra muros, car il s'agissait de satisfaire les dieux honorés sur place par des offrandes alimentaires préparées quotidiennement, mais l'étendue des bâtiments montre également qu'il y avait une redistribution des richesses vers l'extérieur, pour subvenir aux besoins d'une population qui était au service de Pharaon. On sait, par exemple, que les artisans de Deir el-Medineh, sous le règne de Ramsès II et même après, recevaient régulièrement des denrées ou produits provenant du Ramesseum. Leur salaire, en nature, était même versé par l'institution royale. En fait, en étudiant au fur et à mesure ces grands temples, on peut effectivement reconnaître là de véritables satellites du pouvoir royal en milieu régional qui permettaient de répondre à des exigences économiques et sociales. Rappelons que vers la fin du règne de Ramsès III, lorsque les pénuries de denrées se font sentir et que les magasins des temples de millions d'années sont quasiment vides, la réaction des fonctionnaires royaux, notamment celle des artisans, ne se fait pas attendre.
EA : Vous avez effectué un travail énorme de "recensement" des fonctionnaires en service au Ramesseum : les fonctions étaient diverses et la hiérarchie bien définie … A combien estimez-vous le nombre d'intervenants de cette institution ?
CL : D'abord, il faut rappeler que ces temples de millions d'années étaient placés sous la responsabilité d'un haut fonctionnaire que l'on désignait comme étant le "gouverneur du château (ou du temple)". Il était nommé par le roi et sous ses ordres, se trouvait toute une pléiade de fonctionnaires, depuis le directeur du Trésor jusqu'au plus simple gardien de porte. Collecter toutes les fonctions qui avaient été celles de ces hommes en poste au Ramesseum a été un long travail. Il m'a fallu chercher dans les musées, les objets ou monuments ayant pu leur appartenir, étudier aussi leurs tombes, dont beaucoup sont à Thèbes, mais certaines aussi dans la nécropole de Saqqarah, et vérifier toutes les inscriptions, qu'il s'agisse d'ostraca, de papyrus ou même encore de graffiti, où leur nom et qualité pouvaient être mentionnés.
Peu à peu, c'est toute une hiérarchie qui s'est dessinée, montrant l'extrême variété des responsabilités qui pouvaient être celles d'une telle institution. Beaucoup de fonctions administratives, mais aussi religieuses, car le clergé en place au Ramesseum disposait également de tout un ensemble d'officiants, de desservants, de ritualistes, de musiciennes et de chanteurs que dirigeait un grand prêtre affecté aux lieux. Estimer le nombre de tous ceux qui étaient au service d'une institution comme le Ramesseum n'est pas aisé, car on ne doit pas perdre de vue qu'il y avait non seulement le personnel intra muros, mais encore celui qui travaillait sur les domaines appartenant au Ramesseum (terres agricoles, cheptels, volières, vergers, vignobles, etc...), dont certains étaient à Thèbes et d'autres dans le Delta, voire dans d'autres régions du royaume. Si l'on s'en tient aux chiffres qui sont avancés par des sources ramessides pour les temples de Medinet Habou en encore Tell el-Yahoudieh, il devait globalement s'agir de quelques milliers de personnes à quelques dizaines de milliers de personnes. Il est intéressant de noter que le Papyrus Harris I détaille le nombre de travailleurs qui étaient au service de l'institution de Medinet Habou et les effectifs sont plutôt impressionnants : 64.480 hommes répartis entre le temple et les domaines qui lui appartenaient !
Statue de "Ramsès-soleil-des-Princes" Photo de Zangaki, 1880
EA : D'autre part, vous précisez que les statues représentant le souverain avaient des noms, et pouvaient être aussi "propriétaires de domaines" : elles étaient considérées comme "douées" de vie ?
CL : Dans l'Egypte ancienne, si l'on ne porte pas un nom, on n'existe pas. C'est bien pour cela que lorsqu'on détruisait un nom, on effaçait le personnage de la mémoire collective. On le faisait disparaître à tout jamais. Cela pouvait être le cas dans des proscriptions par exemple. Les statues elles-mêmes surtout lorsqu'elles matérialisaient un aspect particulier du souverain portaient des noms. De nombreux colosses de Ramsès II mais aussi d'autres rois avant lui et après lui, étaient détenteurs d'un nom. "Amenhotep-du-Jardin" était le nom d'une statue d'Amenhotep Ier que l'on vénérait du côté de Deir el-Bahari, "Ramsès-soleil-des-Princes", "Montou-dans-les-Deux-Terres", "Ousermaâtrê-Setepenrê-aimé-d'Amon-Rê", "Ousermaâtrê-Setepenrê-aimé-de-Ptah" et bien d'autres encore, étaient les noms attribués à certains colosses de Ramsès II. Ces statues comme toute image dans l'ancienne Egypte étaient dotées de vie et nanties de pouvoirs. Les Coptes l'avaient bien compris lorsqu'ils ont martelé notamment les parties considérées comme actives de ces images. Les colosses royaux avaient la particularité de matérialiser les kaou vivants du roi. Il s'agissait donc avant tout d'hypostases divines* où le roi n'apparaissait plus en tant que roi, mais se manifestait en tant que dieu. Ces statues vivantes pouvaient être propriétaires de terres agricoles, de vergers, d'oliveraies ou de vignobles et disposaient de tout un personnel. Les produits venant de leurs terres pouvaient être envoyés vers les temples. On sait que l'huile d'olive qui était livrée au Ramesseum provenait notamment d'un des domaines de "Ramsès-soleil-des-princes" dans le Delta, que certains vins emmagasinés dans les celliers du temple, étaient ceux d'un vignoble de "Montou-dans-les-Deux-Terres". De très nombreuses étiquettes de jarres retrouvées au Ramesseum ou même à Deir el-Medineh sont là pour le confirmer.
EA : L'apparence du temple aujourd'hui est incomplète. Peut-on imaginer sa splendeur d'antan ? Avec ses jardins, ses bassins ses allées processionnelles ?
CL : En visitant le Ramesseum aujourd'hui, c'est la ruine d'un monument que nous parcourons. On peut dire que près de 60% de ses structures en pierre ont disparu, emportées à l'époque gréco-romaine pour la construction d'autres édifices. C'est donc surtout le temple proprement dit qui a été affecté par ces démantèlements, car toutes les dépendances, malgré leur fragilité, ont survécu au temps. Ce qui subsiste néanmoins de cette ruine d'un romantisme incontestable suffit néanmoins pour imaginer quelle avait dû être la splendeur des lieux au temps de Ramsès II. Hécatée d'Abdère, Diodore de Sicile, et plus proche de nous J.-Fr. Champollion, n'avaient pas été insensibles à ce monument qu'ils considéraient comme avoir dû être l'un des plus nobles et des plus purs parmi les monuments de Thèbes. De beaux et grands espaces, une très belle élégance architecturale que l'on ne retrouvera plus après ce règne, des aménagements uniques comme ces allées processionnelles, ornées de statues animalières qui entouraient le temple sur trois de ses côtés, développant sa superficie et lui accordant encore plus de solennité. À ces espaces, s'ajoutaient bien sûr, les jardins et les bassins, situés à l'est, près du parvis, puis aussi le port du temple qui accueillait les bateaux lors des fêtes religieuses ou pour la livraison de denrées et de produits venant des domaines royaux.
Dans un proche futur, nous serons en mesure de livrer au public une belle restitution virtuelle de ce temple, tant de son architecture que de son décor. Tous les relevés effectués au cours de nos missions vont servir à réaliser cette reconstitution grâce à laquelle, plus concrètement, nous aurons une idée des espaces aujourd'hui disparus en élévation. Cette modélisation en 3D permettra même de circuler dans les cours et les salles et d'en admirer les reliefs.
EA : Depuis deux décennies, vos priorités consistent bien sûr en des fouilles archéologiques, mais aussi en des opérations de restauration, de conservation et de valorisation du site : un travail aussi onéreux qu'immense reste à accomplir, mais chaque saison est-elle porteuse de satisfactions ?
CL : En consultant la documentation photographique antérieure à 1991, on se rendra compte de l'énorme travail qui a été déjà accompli au Ramesseum, c'est-à-dire sur un site couvrant pas moins de dix hectares. Les fouilles archéologiques ont permis d'identifier des secteurs entiers inconnus jusque-là, non seulement dans les dépendances, à la périphérie, mais également dans le temple proprement dit, où les bas-côtés et le sanctuaire notamment n'avaient jamais été systématiquement explorés. Ce travail de recherche a été mené avec le souci de conserver et de protéger les structures antiques. Tout un travail de restauration et de valorisation a pris le relais.
Des tailleurs de pierre, des restaurateurs, des sculpteurs et bien d'autres techniciens ont apporté leurs compétences sur le terrain, en respectant les règles internationales de la restauration imposées aux monuments historiques. N'oublions pas que le Ramesseum comme tous les autres monuments pharaoniques de Thèbes, est inscrit par l'UNESCO depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial. Grâce à ces travaux, le visiteur peut, aujourd'hui, avoir une meilleure lecture de l'édifice de pierre et de ses dépendances en brique crue. Des panneaux explicatifs trilingues lui donnent aussi la possibilité de s'informer sur la vocation des différents secteurs ou quartiers du temple. Bref, le temple de millions d'années de Ramsès II renaît peu à peu après des siècles d'abandon. Toutes ces opérations comme ces missions coûtent cependant fort cher et c'est bien la raison pour laquelle il a fallu créer très tôt une association pour la sauvegarde du Ramesseum (ASR) afin de financer l'ensemble de ces chantiers. Chaque campagne, il est vrai, apporte son lot de découvertes et de surprises qui concourent à mieux connaître l'histoire de ce monument.
Mais si le travail d'exploration, de restauration et de valorisation est bien avancé, plusieurs autres missions seront encore nécessaires pour clore ce vaste programme. Tout le flanc nord du Ramesseum et ses dépendances ouest restent à fouiller et à identifier. Depuis 2017, avec le concours du Centro di Egittologia Francesco Ballerini, une équipe italienne s'est jointe aux archéologues français et égyptiens. Cette belle collaboration a déjà permis d'entreprendre de nouvelles fouilles dans le secteur nord-est. À la périphérie sud, c'est aussi tout le "cavalier de déblais" mis en place par Baraize qu'il conviendra d'éliminer si l'on veut identifier les statues animalières qui bordaient, de ce côté, la voie processionnelle ramesside. Et puis, il y a le premier pylône et ses abords, dont l'étude apportera incontestablement des informations jusque-là insoupçonnées. Bref, la synthèse que propose aujourd'hui notre livre, s'enrichira sans aucun doute des résultats de ces nouvelles recherches et exigera donc, bien évidemment, le moment venu, une mise à jour.
Interview réalisée par Marie Grillot.
Nota. Sur le terrain, les campagnes archéologiques annuelles qui s'étalent sur deux à trois mois, rassemblent plusieurs partenaires : la Mission Archéologique Française de Thèbes-Ouest (MAFTO-CNRS-LAMS/Association pour la Sauvegarde du Ramesseum), le Centre d'Etude et de Documentation sur l'Ancienne Egypte (CEDAE, Ministère égyptien des Antiquités) et le Centro di Egittologia Francesco Ballerini (CEFB, Come).
* Hypostase : manifestation particulière d'une individualité. Pour ne prendre que deux exemples parmi les dieux de l'Egypte ancienne : le babouin et l'ibis étaient des hypostases de Thot ; le crocodile était une hypostase du dieu Sobek.
Cet ouvrage est également disponible aux Livres de France à Zamalek.
Mercredi 3 avril 2019, projection du film "le Ramesseum 2018, XXXe campagne archéologique"
Le documentaire "Le Ramesseum 2018, XXXe campagne archéologique", a été projeté au centre culturel égyptien à Paris. Le film a séduit l'assemblée et a été suivi d'un débat, animé par Christian Leblanc. Nous tenons à remercier de leur présence l'ambassadeur Patrick Leclecq (en poste en Egypte il y a plusieurs années et ancien président de France-Egypte), Bernard Maury (architecte célèbre, notamment pour la restauration au Caire de la maison de l'Institut d'Egypte), Sonia Ramzi, Nivine Khaled et le personnel du centre, ainsi que tous les membres de l'ASR. Merci également aux personnes qui ont acquis le DVD de la campagne au profit de l'ASR, ainsi qu'à celles et ceux qui ont participé à cette belle soirée.
Samedi 30 mars 2019 - Conférence de Christian Leblanc à Saint-Aignan - LES REINES DU NIL AU NOUVEL EMPIRE
Au cœur de l’histoire avec les reines du Nil
Chercheur renommé aux titres prestigieux, Christian Leblanc était, samedi après-midi, l’invité de Christine Potdevin, présidente de l’association Agora-sur-Cher. Durant deux heures, à l’aide d’un diaporama superbement documenté, il a su rendre accessible les travaux des égyptologues. Pour cet éminent spécialiste de l’Égypte ancienne, directeur de recherche au CNRS, responsable de la Mission archéologique française de Thèbes-Ouest et conseiller scientifique permanent auprès du Centre d'Etude et de Documentation sur l'ancienne Egypte (CEDAE), le chercheur doit se déplacer en province : « Il est essentiel de transmettre l’évolution de nos recherches et de partager nos découvertes. La transmission du savoir fait partie de notre mission ». Avec près de 150 auditeurs passionnés d’histoire, parmi lesquels on notait la présence d’Éric Carnat, maire de Saint-Aignan, Philippe Sartori, conseiller départemental, Élisabeth Pennequin, vice-présidente de la communauté de communes, il s’agissait pour Christian Leblanc d’aborder cette période faste du Nouvel Empire qui s’étend de – 1543 jusqu’en – 1078 correspondant de la XVIIIe à la XXe dynastie. C’est ainsi que le public put suivre le règne de ces femmes épouses de pharaons ou ayant accédé elles-mêmes au trône comme, Hatshepsout, Méritaton ou Taousert, qui ont joué un rôle non négligeable dans la politique, la religion et l’administration de l’Égypte. A cette époque, les reines avaient des tâches importantes. « Il y avait une véritable parité hommes-femmes et la femme pouvait se séparer de son époux ou ester en justice », explique Christian Leblanc. Il est précisé que ce dernier a édité plusieurs ouvrages concernant ses recherches, et qu’il préside l’ASR, association pour la sauvegarde du Ramesseum, temple de millions d’années de Ramsès II Ousermaâtré-Setepenrê, chef-d’œuvre d’architecture situé à Thèbes et inscrit par l’Unesco à l’inventaire du Patrimoine culturel de l’humanité.
Dimanche 31 mars 2019 - Christian Leblanc a participé à l'émission "Bretons d'ailleurs".
Nous partons à la découverte de l’Égypte alors que le Trésor de Toutânkhamon est exceptionnellement exposé à la Grande Halle de la Villette à Paris (jusqu’au 15 septembre 2019) ! Nous avons eu la chance de le voir avant son départ pour la France, au Musée du Caire, après notre croisière sur le Nil (pour voir Assouan, Philae, Abou Simbel, Louxor, Karnak, Kom Ombo et Edfou). C’est dans la capitale, près des pyramides de Gizeh, que nous avons rencontré nos Bretons dont un chef cuisinier, Vincent, résidant au Caire depuis 30 ans et Nadine : une véritable « Hatshepsout » des affaires !
Dimanche 24 mars 2019 - Conférence de Christian Leblanc au Musée du Vin.
LA SAINTE MONTAGNE DE THÈBES ET GOURNAH
NAISSANCE, DÉCLIN ET DISPARITION D'UNE SÉCULAIRE HISTOIRE LOCALE
Pendant près de deux heures, Christian Leblanc a captivé l'assistance venue nombreuse pour l'écouter, la transportant des rives de la Seine à la rive ouest de Thèbes… Il a présenté l'imposante montagne thébaine - qui culmine à plus de 455 m -, en a expliqué la géologie et sa très longue histoire… À l'époque pharaonique, Hathor et Meresger en étaient ses divines hôtes. À l'époque greco-romaine, sa sainteté transparaît encore dans un graffito qui la désigne comme "la montagne sacrée" ou encore d'après un inscription du temple de Deir el-Shelouit, comme "la divine montagne des Memnonia"... À l'occident de Thèbes, la célèbre montagne a de tout temps connu une présence humaine. De la préhistoire aux temps modernes, elle fut fréquentée en permanence, par les vivants comme par les morts. Cette séculaire histoire, à laquelle appartient aussi celle des Gournaouis, de la naissance à la disparition de leur lieu de vie en 2006, a été retracée de façon très riche et précise, et illustrée par de nombreux documents. En effet, ce village de Gournah, avec ses maisons peintes installées sur les collines, a été témoin de bien belles pages d'histoire que chacun a pris plaisir à entendre ou à réentendre ! Cependant, avec sa destruction programmée, cet habitat vernaculaire a disparu sous les coups des bulldozers alors que, dans le désert, à quelques kilomètres au nord, un nouveau village était construit par l'armée pour reloger les habitants expulsés puis marginalisés… Un grand projet visant à "revivifier" la rive occidentale avait alors été établi juste avant la révolution de janvier 2011, mais, jusqu'à présent, il n'a pu être réalisé… Marie Grillot
Projection du film "LE RAMESSEUM 2018, XXXe campagne archéologique", le mercredi 3 avril.
Le film sur la XXXe campagne archéologique au Ramesseum, sera projeté au centre culturel d'Egypte à Paris le mercredi 3 avril 2019 à 18h30. Adresse du centre : 111 Boulevard Saint-Michel, 75005 Paris. La projection du film sera suivie d'un débat avec Christian LEBLANC.
Le DVD (20€) au profit de l'association pour la Sauvegarde du Ramesseum sera proposé à la vente, et dédicacé par Christian LEBLANC.
Daniel ESMOINGT nous a quittés le 28 février 2019.
Daniel ESMOINGT. Un grand ami, un grand artiste, et un éminent collaborateur aux travaux de l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum nous a quittés hier, 28 février 2019.
Après l’obtention d’un diplôme d’art plastique (section sculpture) à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, puis un passage dans plusieurs ateliers de maîtres (Paul Belmondo, Bernard Longuet, Pierre Merlet), Daniel Esmoingt avait créé, en 1976, son propre atelier de restauration de sculpture pour les Monuments Historiques. Depuis cette date, il avait travaillé sur des édifices prestigieux du patrimoine français (cathédrale de Reims, cathédrale de Rouen, celles de Bourges, d’Auch, d’Orléans, de Chartres et de Limoges), sans oublier de nombreuses petites églises et collégiales. Dans une large mesure, il avait également œuvré à la restauration des sculptures de plusieurs palais nationaux (Assemblée Nationale, Hôtel des Invalides, Hôtel Matignon, Palais de l’Elysée, Hôtel de Ville de la Rochelle, Opéra Garnier, Musée du Louvre (auteur notamment d’une copie de la France Impériale de Carpeaux, pour le Pavillon de Flore) et Château de Versailles. À partir de 1994, il avait rejoint, à raison de quelques semaines par an, la Mission Archéologique Française de Thèbes-Ouest (MAFTO), dans le cadre des recherches et de la restauration du Ramesseum, dirigées par Christian Leblanc. Dans ce monument, inscrit depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, il avait été chargé de restaurer le "Jeune Memnon" (deuxième cour du temple, à gauche de l’escalier) dont le buste se trouve aujourd’hui au British Museum de Londres (emporté par G. Belzoni en 1816), et de valoriser, en la plaçant sur un socle de grès, la superbe tête de Ramsès II qui appartenait à une autre statue, faisant pendant à celle du "Jeune Memnon" et située jadis à droite de l’escalier axial menant à la salle hypostyle du temple. Ses interventions ont encore porté sur la restauration de deux montants d’une porte latérale conduisant au bas-côté sud de la salle hypostyle et, plus récemment, sur la reconstitution, selon le principe de l’anastylose, d’un des chacals (Anubis) qui bordaient l’allée processionnelle nord du Ramesseum. Au cours de la campagne de 2010, il avait également dirigé le remontage du colosse partiel de la reine Touy, épouse de Sethi Ier et mère de Ramsès II qui se dressait dans la première cour du temple. Enfin, c'est encore lui qui avait été chargé de réaliser le moulage d'un relief qui prend place aujourd'hui sous la "fenêtre d'apparition" du palais du Ramesseum. Christian LEBLANC
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE de notre association se tiendra le JEUDI 21 MARS à 17h30
ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE - 45 RUE D’ULM - 75005 PARIS - AMPHITHÉÂTRE GALOIS (nommé précédemment RATAUD)
ORDRE DU JOUR : Rapport moral - Rapport financier et approbation des comptes - Questions diverses.
Communication de Monsieur Christian Leblanc : Notre habituel cocktail de fin de séance ne pourra pas avoir lieu en raison du plan Vigipirate
Mardi 1er janvier 2019 - diffusion du tournage de TF1 au Ramesseum et à KV7
Le 13 décembre 2018, Christian Leblanc a accueilli, au Ramesseum et dans la tombe de Ramsès II, Benoît Christal, chef du bureau Moyen-Orient de TF1 et son équipe. Le reportage, réalisé avec Do Naguib et F. Amzel, est passé au Journal Télévisé de 20 h du 1er janvier 2019. D'une durée de 5 minutes, "Ramsès II une passion française" nous offre de bien belles images… Il présente brièvement l'histoire du site, le rôle de la mission, laissant la parole à ceux qui travaillent à sa mise en valeur… Il offre par ailleurs à Christian Leblanc la possibilité de sensibiliser les spectateurs sur les problèmes financiers liés à la sauvegarde du temple et à la sauvegarde de la demeure d'éternité du grand Ramsès…
Voyage de l’ASR à Louqsor du 24 Novembre au 02 Décembre 2018.
Pain, un peu de bière, et toutes bonnes choses … (1)
Par où commencer ? Inutile de vous raconter nos multiples et éblouissantes visites, qui provoquent tant d’émotions, de plaisir et d’enthousiasme, particulièrement dans ce groupe de 25 personnes animées par leur passion pour l’Egypte, et tout spécialement la sauvegarde du Ramesseum.
Quel bonheur donc, dimanche matin de retrouver la colline thébaine, apparemment si nue, et qui abrite tant de secrets : elle se détachait sur fond de ciel bleu immaculé, et ne révélait que son petit village –tout aussi minéral - et ses rangées de niches troglodytiques. Dimanche matin, tout le monde était à pied d’œuvre pour aller découvrir le splendide Ramesseum, ou constater les changements apportés depuis leur dernière visite, et rencontrer son guide le plus éclairé (et éclairant), Monsieur Christian Leblanc. Après l’introduction de M. Leblanc, nous avons parcouru avec lui le magnifique temple en écoutant ses passionnants commentaires. L’après-midi fut consacrée au beau temple de Medinet Habou, que nous pouvions apercevoir de certaines chambres et de la terrasse sur le toit de notre hôtel. Monsieur Leblanc nous a, là aussi, permis de faire une visite très documentée, et nous partagions ses regrets de voir les pièces volées au Ramasseum et remontées, parfois en dépit du bon sens… La chute de Karen, à la sortie, nous a fait peur, mais elle a été très bien prise en charge par les membres compétents du groupe, et après avoir été emmenée à l’hôpital le lendemain pour radio et pose d’une atèle au poignet, elle a pu rejoindre le groupe. Oui, cet hôtel Amenophis que nous occupions presqu’entièrement, et où nous fûmes accueillis avec tant de gentillesse et de dévouement, même si quelques problèmes de plomberie chiffonnèrent leurs victimes. Très proche des sites thébains, il nous permit parfois de nous y rendre ou d’en revenir à pied. Situé dans le village de Medinet Habou, au calme devant un petit canal, il nous donnait accès à la petite boutique voisine, pour les sodas frais et les chips, à la laverie pour le linge déposé le matin et récupéré le soir, et tout cela à côté du cabinet du Docteur Boutros auquel nous avons apporté un peu d’aide.
Lundi matin, retour au Ramesseum, et cette fois, nous avons vu le résultat des fouilles et travaux menés par les équipes d’archéologues. Passionnante découverte des objets sortis de la grande tombe APO-CN21, qui se prolonge sous la route. Hélène Guichard et son équipe nous ont montré leurs trésors de céramique ou de pierre, dont un beau scarabée. Et le Docteur André Macke, qui nous accompagnait –en vacances forcées, faute d’autorisation de travailler sur le site - nous a raconté au déjeuner qu’il avait frissonné en voyant un vase similaire à celui qu’il avait trouvé dans l’école du palais royal, lors d’une fouille antérieure. Jocelyne Hottier nous a montré les précieux objets récupérés dans le cavalier de déblais fouillé méthodiquement au Sud Ouest : bouts de bandelettes, de bois, peints ou non, amulettes, perles … Comme leurs regards brillaient, et comme nous les enviions de faire ces découvertes ! Nous avons aussi admiré le travail réalisé sur les structures du palais royal, et vu en direct la taille de bases de piliers en pierre, ainsi que l’installation de l’escalier de pierre qui permettra aux visiteurs d’entrer en majesté dans le temple … Comme la veille, nous avons déjeuné à Nour el Gourna , petit restaurant aménagé dans les arbres et les fleurs, avec des tables pour 6 recouvertes de nappes et décorées de bougainvillées, et des banquettes recouvertes de tapis.Nous y mangions d’excellent appétit, heureux de nous reposer en parlant des visites, entre autres choses, et nous régalions d’une excellente cuisine parfumée, mijotée, et très variée. Les salades mixtes et les ragoûts de légumes étaient savoureux, et il ne semble pas y avoir eu de tsunami intestinal, car les herbes fraiches (persil, coriandre, menthe…) ou sèches (thym, laurier …) et les épices, puissantes mais douces, n’ont pas la vigueur du piment. N’oublions pas les délicieux beignets d’aubergine, et les viandes copieuses (poulet, canard, koftas). Le dessert de fruit (clémentine, banane) compensait un peu la richesse des plats. Et nous buvions de l’eau et de la citronnade, puis un thé, un café turc ou un cadaqué, quand nous avions assez de temps. Car les minibus nous attendaient, et ce lundi, nous allions régaler nos yeux dans la Vallée des Reines, après l’introduction très documentée, par ses connaissances et ses expériences de chantier, de Monsieur Leblanc.
Mardi, nous avons refranchi le Nil, en bateau, et accompagnés de Monsieur Philippe Martinez, pour visiter les temples de Karnak et Louxor. Karnak, immense tâche … Nous avons bifurqué vers le musée en plein air, puis retour au grand temple ; M. Martinez faisait preuve d’une énergie colossale, et nous avons demandé grâce pour faire notre piquenique –fourni grâce à Gamal, l’indispensable assistant de Françoise à Medinet Habou – à la caféteria près du Lac Sacré, et profité aussi du superbe point de vue sur le site depuis la terrasse des toilettes, près des gradins du Son et Lumière…Ensuite, nous nous sommes dirigés vers les temples de Khonsou et d’Opet -fermé-, souvent délaissés, faute de temps ou d’énergie . Nous avons quitté Karnak en calèche, un joli convoi haut en couleurs, pour le temple de Louxor. Arrivés après 15h, nous visiterons aussi la mosquée Abou el-Haggag à la nuit tombante ; nous marcherons ainsi au niveau des chapiteaux, verrons les reliefs de l’arrière du pylône de Ramsès II à les toucher, et de sa terrasse surplombant le temple, serons plongés dans une ambiance tout à fait «atmospheric», comme disent les Anglais quand les mots leur manquent, lorsque le temple s’illuminera. Perfect timing ! Retour en bateau pour l’apéro devenu traditionnel, une belle initiative des habitué-e-s,,qui nous rassemble tous les soirs vers 19h, sur la terrasse à la nuit tombée, pour partager les amuse-bouche du chef, les cacahuètes achetées auprès de Gamal –on en ramènera, c’est sûr - et commenter les visites , les achats, et les expériences diverses des uns et des autres. Ensuite, nous descendons au rez-de-chaussée pour le dîner.
Mercredi matin, nous retrouvons M. Leblanc à Deir el-Médina, village des artisans et leurs émouvantes et magnifiques tombes. Qui a dit que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même ? M. Leblanc nous fait d’abord un historique détaillé et captivant, pour nous permettre de replacer notre visite dans son contexte historique. Déjà des gilets jaunes ! Certains monteront jusqu’à la tombe de Pached, mais la pente est raide et le soleil tape… Puis, nous continuons vers le petit temple ptolémaïque, dédié à Hathor, qui occupe une enceinte au bout du village, au niveau du col, avant de redescendre à pied vers la route et le restaurant, en longeant le puits ptolémaïque. Réconfortés et désaltérés par le déjeuner, nous repartons en bus vers Cheik abd el-Gourna, où nous visitons les tombes de Khaémet avec Gwenaëlle, Ouserhat avec Nakhla, et Ramose avec Monsieur Guy Lecuyot, qui travaillent tous sur le Ramesseum. Il faut se presser de remonter dans le bus, en direction de Malqatta, où nous sommes reçus avec chaleur et convivialité pour le thé. Ce sera sur une terrasse de la résidence, face au désert et au couchant. Un cavalier passe au galop, un âne et son maître se détachent sur une crête. Tout le monde bavarde en savourant ce beau moment.
Jeudi, certains se lèvent avant le soleil pour voir Thèbes depuis une montgolfière. Ils nous rejoindront à la Vallée des Rois, où les plus chanceux (ou les moins initiés) découvriront la somptueuse tombe de Séthi I, avant que M. Leblanc ne partage ses connaissances et expériences, pour nous aider à profiter,ici encore, au mieux, de notre visite libre des tombes. Dernier déjeuner à el-Gourna, où le Docteur André Macke nous parlera de ses travaux sur les momies et les ossements lors de missions antérieures, avant de retrouver Gwenaëlle à Deir el-Bahari. Impressionnante vision de ce temple géométrique qui se détache à peine sur la falaise à laquelle il s’adosse, qui, elle, se détache sur le ciel bleu intense. Et le sanctuaire est ouvert, ce qui n’est pas fréquent, paraît-il. Quelle chance ! Après une petite marche, nous gagnons la nécropole de l’Assassif, pour visiter les tombes de Khérouef, aux magnifiques décorations sculptées, et de Anch Hor, cachées au fond de leurs escaliers, et un peu délaissées, semble-t-il. Fatigués par cette nouvelle journée bien remplie, nous regagnons l’hôtel, pour nous reposer et nous restaurer. Dois-je avouer que, toute la semaine, nous avons (trop) bien mangé ? Le soir, c’est soupe (lentilles, champignons, pois cassés, oignons), arrosée d’un filet de citron vert, puis salades et légumes cuits, mijotés ou gratinés, d’une grande variété (betterave, pamplemousse, oignon rouge, haricot rouge ou blanc, tomate, courgette, aubergine, poivron, concombre, petit pois, chou rouge et blanc, navet, gombo, carotte, pomme de terre, et bien sûr, laitue, dont Amon adorait le jus, réputé aphrodisiaque). J’en ai sans doute oublié, mais nous avons mangé en une semaine une vingtaine de légumes différents. La viande, c’était le poulet, le canard ou le bœuf, grillé, pané haché, ou en kofta. De beaux buffets copieux.
Vendredi, nous prenions la route du Sud à 3 minibus, puisque nous étions rejoints par les gens de la Maison de Malqatta, qui nous offrirent le piquenique. Nous allions à El Kab, à environ 90km sur la rive droite du Nil, en face du site de l’ancienne Nekheb, pour visiter tout d’abord des tombes du Nouvel Empire à flanc de colline, en haut d’un bel escalier (Renini, Aahmes, Setaou et, celle de Paheri, un régal). Peintures bien conservées de scènes de vie quotidienne moins souvent vues, et de beaux vautours qui évoquent la déesse Nekhbet . Après le déjeuner, nous poursuivons vers l’Est en minibus, pour voir un temple ptolémaïque dédié à Hathor. Soleil, pierre et histoire. Nous terminons par un petit temple dédié à Nekhbet aux peintures bien conservées aussi, où les vautours donnent le ton, en rouge et turquoise. A l’extérieur, on peut déchiffrer un petit Amenotep III. Derrière le temple, on rejoint un ruban de goudron, puis la ville d’El Kab afin de regagner Medinet Habou. A 18heures, nous recevons les gens de Malqatta pour un dernier apéritif, les derniers échanges avec Monsieur Leblanc et ceux qui travaillent avec lui sur le Ramesseum. On se dit au revoir et à bientôt. Inch Allah… Le dîner est un peu différent ce soir, car une grande table unique a été dressée. Dîner d’adieu ? Non, dîner de fête, présidé par Myriam et Françoise. Après les habituelles agapes, la lumière s’éteint, et apparaît un premier gâteau au glaçage de chocolat, et surmonté d’une bougie, sur lequel est écrit en chantilly : Happy Birthday, Myriam. Suit un deuxième gâteau plus gros, décoré de chocolat et de fruits, sur lequel est écrit Amenophis, et cela, en plus des fondants au chocolat individuels !Tout le monde chante, on fait des photos, et je verse quelques larmes, surtout en recevant les petits pendentifs en pierre, gravés à mon nom, le tout à l’initiative du personnel, qui avait bien lu les passeports… Il faut dire que, outre les fruits (pomme, banane, agrume, goyave, et autres), en salade ou en tarte, nous avons eu des tartes et des gâteaux (chocolat, noix, sucre, fruits), le mahlabeya (flan) et l’Om Ali (sorte de pain perdu au lait et fruits secs) . Et je vous passe les gâteaux du petit-déjeuner et les adorables sablés en forme de cœur du dernier jour. Oui, nous avons été gâtés
Samedi, journée libre. Une quinzaine d’entre nous démarrons par la tombe de la séduisante Néfertari, d’autres se dirigent vers les nécropoles des nobles, ou traversent le fleuve vers Louxor. Le ferry-boat national attirera les amoureux de ce bateau populaire et bondé avec son cachet traditionnel, comme ses rambardes en bois et fer forgé. Et tous apprécieront les attractions de Louxor : riche musée, boutique Gaddis et sa librairie bien étoffée, Winter Palace au charme intact et aux superbes jardins, souk pour les épices et l’artisanat. Il y en a pour tous les goûts, avec un peu d’amertume, comme c’est le dernier jour du séjour. Le soir, nous dînerons ensemble pour la dernière fois, avant de remettre les cadeaux au personnel de l’hôtel, pour les remercier de leurs attentions qui nous ont rendu le séjour agréable et confortable, après nos journées si bien remplies.
Dimanche matin, le ciel s’est voilé pour les adieux. Mais nous reviendrons, enchantés que nous sommes de cette semaine foisonnant d’émotions et de sensations, de découverte et de connaissance. Inch Allah ! Un grand merci à tous ceux qui ont permis ce beau voyage, et tout spécialement à Françoise, à Monsieur Christian Leblanc et tous ceux de Malqatta, et à tous les participants du groupe. Longue vie à l’ASR.
Texte de Myriam Deghaye et photos de Jean-Pierre Deghaye.
(1) Je me suis permis de détourner le titre du livre de Madeleine Peters-Destéract : Pain, bière et toutes bonnes choses (Editions du Rocher, 2005). Danièle y verra un hommage.
"The announcement of a new discovery Luxor" : Conférence de presse du ministre des Antiquités le 24-11-2018
C'est près de l'imposante maison de la mission polonaise de Deir el-Bahari, sur la rive ouest de Louqsor - et surtout près des "découvertes" - qu'un chapiteau a été dressé, le samedi 24 novembre, afin d'accueillir la conférence de presse relative à "l'annonce d'une nouvelle découverte à Louqsor". (tombes TT 28 et TT 33)
Autour du ministre des Antiquités Khaled el-Enany et de Mostafa Waziri, son secrétaire général, étaient rassemblés le nouveau gouverneur de Louqsor Moustapha Mohamed Khaled, plusieurs ambassadeurs, des directeurs de missions et d'instituts d'égyptologie, de nombreux médias égyptiens et internationaux, ainsi qu'un public aussi intéressé que captivé.
Le Ministre et sa suite se sont ensuite rendus sur le temple de millions d'années de Ramsès II. Le Ramesseum
Arrivée sur le site, la délégation est chaleureusement accueillie par Christian Leblanc, égyptologue directeur de recherche émérite au CNRS, responsable de la MAFTO qui dirige depuis 25 ans, en coopération avec le Conseil Suprême des Antiquités de l'Égypte et le Centre d'Étude et de Documentation sur l'Ancienne Égypte, les recherches et les travaux de restauration entrepris dans le temple et dans la tombe de Ramsès II, à Louqsor.
Situé sur la rive ouest de Louqsor, le Ramesseum dresse son imposante et élégante architecture entre la très fertile zone agricole et l'univers minéral et grandiose de la célèbre montagne thébaine. Il s'agit d'un vaste complexe composé de :
- un temple principal en pierre - dédié à Ramsès II et à Amon -comprenant des espaces ouverts et fermés ;
- un petit temple secondaire consacré à Touy (mère du roi) et Nefertari (grande épouse royale) ;
- puis tout un ensemble de dépendances construites en brique de terre crue, initialement voûtées, entourant le temple sur trois de ses côtés, et qui constituaient les services économiques et administratifs de ce grand château de "millions d'années".
- Enfin, entre deux épais murs d'enceinte qui en formaient la clôture, prenaient place, au nord, à l'ouest et au sud, des allées processionnelles bordées de chacals ou de sphinx : un aménagement unique dans un temple égyptien.
C'est avec passion que Christian Leblanc se consacre à ce "Site emblématique par son histoire, par son charme romantique et son indéniable poésie, le Ramesseum mérite une réhabilitation qui ne peut s'inscrire que dans la durée. C'est tout un puzzle qu'il faut tenter de reconstituer, sans perdre de vue que l'histoire de l'antiquité est une histoire fragile, dans le dédale de laquelle le chercheur ne peut avancer qu'à petits pas.
Si une bonne moitié de l'édifice a pu être fouillée, restaurée et valorisée, il en reste encore une autre moitié à traiter et qui devra faire l'objet des mêmes mesures et des mêmes soins… "
Il nous faut préciser que le Ministre était arrivé dès la veille dans l'ancienne Thèbes.
Le temps de dévoiler une statue de Ramsès II au temple de Louqsor et de faire le point sur les travaux de restauration du tempe d'Opet à Karnak en vue de son ouverture au public dès l'année prochaine.
Décidément, l'Egypte ne cesse de nous livrer des merveilles … et de nous donner plus de mille raisons supplémentaires de l'aimer ... et d'y aller encore et encore …
marie grillot & marc chartier
avec la précieuse collaboration, sur place, d'Isabella Soliman !
et nos remerciements à Emad et Christiane …
Voyage de l’ASR à Louqsor en octobre 2018
Les trois journées de conférences données par Christian Leblanc (ASR) sur les différents sites de Thèbes Ouest se sont terminées, hier, par le déjeuner habituel dans le cadre luxuriant de la maison française de Malqatta. Une trentaine de participants, venant du Caire ou résidant à Louqsor, ont eu le plaisir d’assister à cette présentation des sites majeures (nécropoles et temples) par ce très grand égyptologue. Voici quelques témoignages :
Les trois jours de visites guidées de l'ASR avec l'incroyable et infatigable Christian Leblanc fut à nouveau un superbe succès. Quel conteur, comme il explique bien, même des amis qui n'avaient rien d'étudiants en Egyptologie, ont eu un plaisir énorme à l'écouter, à le suivre pas à pas sur les différents sites.... Il déborde de passion pour les sujets, a réponse à tout, explique avec une simplicité les cas les plus compliqués.... C'est très simple, je retournerai encore l'année prochaine...Si on ne voit bien que ce qu'on connait, on entend encore mieux ce qu'on a déjà entendu et aimé !.... MERCI Monsieur Leblanc.....Ingrid Leyla
C'est par un moment de convivialité dans l'enceinte de la mission française de Malqatta que viennent de se terminer les 3 journées in situ proposées par l'ASR. Quel plaisir et quel honneur de découvrir ou redécouvrir temples et tombes thébaines racontés par le Docteur Christian Leblanc! Trois journées exceptionnelles durant lesquelles Monsieur Leblanc nous fait partager sa passion, ses connaissances et expériences avec une grande générosité. Un grand merci à lui et aux membres de l'ASR et de la mission qui ont participé à l'organisation de ces trois journées mémorables. Isabelle Delcampe
Je voulais remercier le Docteur Christian Leblanc, l’A.S.R. et Monsieur Labib pour nous avoir concocté ces 3 jours. Nous avons pu visiter, voir, revoir et découvrir pour certains : la vallée des Reines, le village des Artisans, le temple de Medinet Habou (temple de million d’années de Ramsès III), le Ramasseum (temple de million d’années de Ramsès II), le temple de Merenptah, et le temple de Sethi 1er . Trois jours merveilleux où nous avons pu boire les paroles du Docteur Christian Leblanc. A chaque site, il nous apporte nombre d explications très différentes, très intéressantes. Il développe d’une manière toujours riche, agréable à écouter et se mettant à la portée de chacun pour la compréhension de tous. Toujours d’humeur agréable et répondant sans faillir à toutes les questions et même celles des enfants. Je ne peux que le remercier et ceci est également les paroles de tous. Ces 3 journées se sont terminées par une visite à la poterie (centre de formation) . Suivi par un excellent repas aux plats très variés avec un accueil chaleureux dans ce merveilleux endroit La Maison de Malqatta, un petit coin de paradis, les champs d’Ialou !! Moi ! j adore ces trois jours et mon oreille qui trainait m’a dit que tout ce petit groupe était enchanté. Vivement l’année prochaine et encore un grand merci. Dany Toufflin
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